La croissance graduelle de la Mission et de sa population impose aux jésuites de trouver localement des solutions pour leur propre subsistance et celle de leurs élèves et catéchumènes. Ils reviennent à la vieille recette de la ferme-chapelle où la production agricole et l’élevage étaient les principales activités du poste. Au courant d’une journée, sur 9 heures d’activité, les catéchumènes consacrent, comme nous l’avons déjà indiqué, 5 h 20 au travail manuel. Ce travail consiste en premier lieu à cultiver des champs, à pratiquer le jardinage et l’élevage pour produire la nourriture nécessaire à la Mission. En 1923, le Père Delaere indique que ses élèves exécutent plusieurs tâches : en plus des maisons d’habitation qu’ils construisent, ils font le jardin et construisent une bergerie pour les Pères. Delaere parle de la construction de cette bergerie :
‘Je suis, ce matin, un peu plus libre que d’ordinaire : les enfants sont partis à plusieurs lieues d’ici pour chercher de grandes feuilles qui couvriront le toit d’une bergerie que je construis. Disons vite que le fait est exceptionnel, car cette excursion leur enlève quelques heures de classe ; mais c’est un cas de force majeure. […] Le R. P. Struyfm’a donc dit un beau matin, sans plus de façon : « Construisez-nous une bergerie, bien couverte, de 10 m sur six environ ». Et me voici improvisé architecte. Voilà ce qui explique pourquoi nos gamins ont pris leur vol vers la grande forêt, et que j’ai, moi, le temps de vous écrire 1 . ’Le Père Ernest Libbrecht indique dans une lettre de 1924 qu’il y a une certaine autosuffisance à Ipamu. Le personnel a la nourriture nécessaire et, grâce à des cultures de riz, haricots, pommes de terre, les missionnaires peuvent se procurer une partie des ressources nécessaires à leur œuvre : paiement de catéchistes, salaires, etc. 2 .
Il aura fallu très peu de temps aux Jésuites pour améliorer, avec le concours d'une main d’œuvre gratuite assurée par les catéchumènes et les élèves, les conditions d’existence dans leur jeune poste.
Lorsque les Sœurs arrivent en 1928, les travaux de champs et l’élevage sont déjà ancrés dans les mœurs des pensionnaires de la Mission. Elles poursuivent l'œuvre en mettant à contribution les femmes mariées et les filles qui leur sont confiées. Elles commencent par la production vivrière qu’elles estiment essentielle pour la subsistance des catéchumènes : « La culture des plantes vivrières occupe tous les bras car la nourriture est une question capitale pour pouvoir accepter de nombreux catéchumènes. Notre essai de jardin potager semble réussir et, trois semaines après les semis, on commence déjà à récolter cerfeuil, salade et radis » 3 .
Si au jardin potager, les Sœurs produisent les légumes européens pour elles-mêmes, pour leur part, les catéchumènes récoltent le manioc, le maïs, l’arachide, le riz, le haricot, l’ananas, la banane, la patate douce, l’igname, etc. dans leurs champs. Les Sœurs pratiquent également l’élevage de la volaille, des caprins et des ovins. Elles notent, par exemple, qu’au mois d’août 1932, elles construisent une bergerie et qu’au mois de septembre, le Père Struyf leur apporte 19 moutons de Mwilambongo.
L’autosuffisance alimentaire acquise, les Pères et les Sœurs se lancent dans la production commerciale. Ils vendent notamment l’huile de palme, des noix palmistes et le café. En tout cas, à l’arrivée des Oblats de Marie Immaculée, Ipamu se porte bien sur le plan de sa production agricole. On ne parle plus de la disette des premières années.
DELAERE, « À Ipamu » in MBCJ, 1923, p. 176.
LIBBRECHT, Lettre au Père Provincial, Ipamu, le 12 avril 1924, PBM, boîte XII. M.47.
RSSMN, septembre 1929, Ipamu.