7. 2. UNE PETITE INDUSTRIE

Pour mettre en valeur les ressources naturelles de leur concession d’Ipamu, les missionnaires ne se sont pas contentés d’une exploitation manuelle, mais ils ont fait venir des machines et ils ont mis en place une petite industrie mécanique.

C’est le Père Delaere qui, le premier, a eu l’idée d’installer une menuiserie et une scierie. Impressionné par les nombreux bois de qualité dont regorge la forêt autour d’Ipamu, Delaere concocte un projet entre 1924 et 1925 ; il l'emporte avec lui en Belgique en 1926 et là, il entame des démarches pour l’obtention des fonds. Il adresse une série de lettres à ses supérieurs, notamment au vice-provincial et à l’économe, pour expliquer l’urgence et la nécessité d’une scierie mécanique à Ipamu. Il obtient 5000 frs. de l’économe et un permis d’exploitation du bois de la part du gouvernement. Lorsqu’il publie, en 1928, son célèbre article intitulé « La forêt d’Ipamu » 1 pour justifier le bien fondé de son projet et solliciter d’autres fonds auprès des bienfaiteurs, une scie à grumes est déjà achetée et est prête à être embarqué pour le Congo :

‘L’idée a fait son chemin ; si bien que sur les quais d’Anvers, autour d’une locomobile de 40 hp. On voit s’amonceler de grandes caisses avec la marque réglementaire J.S. et en dessous, peint au pochoir : IPAMU. L’on croit rêver !… C’est une scie à grumes, une vraie ! pouvant scier des épaisseurs de 1 m 50, une affûteuse mécanique… Et, comme l’on ne sait que faire de machines sans conducteur, et qu’une école ne se conçoit pas sans maîtres, un menuisier-charpentier habitué aux machines à bois s’embarquera sous peu 2 .’

La scierie et la menuiserie commencent à fonctionner en 1929 grâce au travail de deux aides-laïcs : M.M. Fooz et Broux. Elles produisent les planches nécessaires pour des constructions et du mobilie. Certaines commandes sont même exécutées pour l’État 3 .

Abattage d'un gros arbre dans la forêt l'Ipamu.
Abattage d'un gros arbre dans la forêt l'Ipamu.

(source : MBCJ, 1925)

L’huile de palme, extraite d’abord manuellement pour la consommation locale, sera ensuite exploitée pour des fins commerciales. Une petite presse à huile mécanique est achetée probablement vers les années 1930. Les Pères vendront jusqu’à 12 tonnes d’huile de palme et 12 de noix palmistes par an.

La petite huilerie, la scierie ainsi que la menuiserie bénéficient de la main d’œuvre des catéchumènes et des chrétiens installés à la Mission.

Notes
1.

DELAERE, J., « La forêt d’Ipamu » in RMJB, 1928, p. 218-221. Le Jésuite écrit, pour justifier son projet de scierie : « Et les visiteurs qui viennent à la Mission d’Ipamu, en voyant cette forêt abattue et brûlée ne peuvent s’empêcher de faire cette remarque : - Mais, Père, pourquoi ne tirez-vous donc aucun profit de tout ce bois ? Parmi les troncs à moitié calcinés il y a des essences splendides… Pour vos constructions, vos charpentes, vos meubles, ces arbres débités et sciés vous viendraient bien à point… Et puis, mais vous pourriez développer le travail de bois chez vos chrétiens et vos catéchumènes ; former des menuisiers noirs…. Il faut de la main-d’œuvre pour la Colonie, surtout de la main-d’œuvre. Et dans ce pays de forêts, la formation d’artisan du bois s’impose ! », RMJB, p. 220.

2.

DELAERE, « La forêt d’Ipamu »…, p. 220.

3.

Les meubles fabriqués à Ipamu étaient acheminés, via le port de Mangaï, à Banningville et même à Léopoldville pour y être vendus.