CHAPITRE NEUVIÈME
LA REPRÉSENTATION DE L'AUTRE : CONSTRUCTION D’UNE IMAGE DES DING ORIENTAUX PAR LES SCHEUTISTES ET LES JÉSUITES

Dès leur installation, les Jésuites plus que les Scheutistes, se sont mis à écrire non pas seulement sur la vie et les activités de leur nouveau poste, mais aussi sur les « mœurs et coutumes » 1 de leurs voisins immédiats, les Ding orientaux. Ces écrits, bien que riches en informations sur la période antérieure à la colonisation, ne rendent que partiellement compte de toute la complexité des sociétés qu’ils abordent. Ils ne sont qu’un point de vue, une image 2 construite par les les missionnaires, avec les matériaux locaux. Ce sont donc ces clichés que nous nous proposons d’exposer dans ce chapitre.

Notes
1.

STRUYF, « Mœurs et coutumes » in MBCJ, 1923, p.252-256 & 371-373.

2.

Le concept est à comprendre ici dans son sens de « représentation », de « production de figures » qui évoque une facette de la réalité. Comme nous le verrons encore plus loin, l’image dont il est question ici, rappelle analogiquement la photographie parce que celle-ci ne peut capter et figer qu’une face du réel. Le réel est à la fois divers et appréhendable d’une multitude de points de vue dépendant des caractéristiques historiques et sociales des acteurs. Un cliché ne fixe qu’un de ces points de vue et à un instant précis ; le choix de l’angle à photographier dépend du photographe, de ses intérêts et de ses motivations. Lire Le GOLF, J., L’imaginaire médiéval, Conférence donnée à Parme, le 19 octobre 2000 ; MOSCOVICI, S., La Psychanalyse, son image et son public, PUF, Paris, 1976 (2e éd.) ; KAES, R., Images de la culture chez les ouvriers français, Cujas, Paris, 1968 ; RICŒUR, P., La mémoire, l'histoire, l'oubli, Seuil, Paris, 2000, p. 5-53.