3. 1. L’ESPACE ET LE MILIEU PHYSIQUE

La maîtrise de la géographie demeure indispensable au missionnaire pour trois raisons principales :

1°il faut qu’il se situe par rapport à la résidence principale de son supérieur, d’où il reçoit ses ordres et où il adresse ses rapports. Il doit aussi connaître le milieu pour s’y adapter 2 , s’orienter dans ses périples apostoliques et repérer ses catéchistes et ses ouailles ;

2°il faut que ses parents, ses amis, ses bienfaiteurs et les lecteurs des différentes périodiques de la congrégation sachent à peu près où il se trouve, l'implantation de son champ d’apostolat et le genre de populations qu'il côtoie. D’où la nécessité des cartes et des croquis pour accompagner lettres et rapports ;

3°les terres de mission sont réparties par Rome entre différents instituts et congrégations 3 . Chaque juridiction ecclésiastique est limitée par des frontières ayant fait, le plus souvent, l’objet d’âpres négociations entre le Saint-Siège, l’État colonial et les supérieurs de missions. Le territoire de chaque institut ou congrégation est lui-même subdivisée en petites sections administratives ( poste de mission avec son hinterland, ferme- chapelle, villages, etc.). Le missionnaire doit maîtriser toutes ces frontières pour ne pas déborder en dehors de son champ d’action.

L’établissement de toutes ces frontières ne tient compte ni de la perception indigène de l’espace ni des réalités sociales et culturelles des autochtones. Le missionnaire les construit en fonction de trois exigences que nous venons d’énumérer.

Notes
2.

Les diaires et la correspondance missionnaire fourmillent de détails sur le climat, les saisons, la végétation, l’hydrographie, etc.

3.

Nous avons déjà évoqué plusieurs exemples des négociations pour la délimitation des juridictions ecclésiastiques : les Spiritains et les Pères Blancs ; les scheutistes et les jésuites pour l’établissement de la mission du Kwango et pour la cession de l’ouest de la Loange ; les Jésuites et les Oblats, etc.