7. LES BADINGA SONT DE VÉRITABLES SAUVAGES…!

En arrivant chez les Ding orientaux en 1921, Vanderyst et Struyf découvrent des us et des coutumes qu’ils n’avaient jamais observés auparavant. Ne connaissant ni la langue locale ni le contexte de toutes les pratiques qu’ils voient, ils les jugent à priori « sauvages », « primitives », « profondément immorales », « corrompues » et « vraiment diaboliques ». « Les Badinga, écrit Struyf, sont des véritables sauvages » 3 . Il craint que les « mœurs barbares » de ces Badinga ne constituent « un danger grave » pour « les jeunes chrétiens, nombreux aux environs de Pangu, et presque tous non mariés » 4 . Afin de « sauvegarder l’avenir de la chrétienté naissante d’Ipamu, il faut absolument, dit-il, que les chrétiens soient écartés du village indigène corrupteur » 1 . Pour lutter contre ces « sauvageries » de Badinga et des autres peuples de la mission d’Ipamu, Struyf et Vanderyst emploient, souvent avec l’aide de leurs catéchistes, des moyens radicaux. Ils créent des villages chrétiens (mavula), libèrent de force les polyandres et les esclaves et, parfois, ils recourent à la puissance de l’État pour mater les insoumis. Cette intransigeance vis-vis des coutumes locales va lentement se modérer au fur et à mesure que Struyf entre en contact avec les gens, qu'il cherche à connaître leur langue et à étudier leurs façons de vivre. Les discours du Jésuite et de ses autres confrères à propos de Ding orientaux vont donc évoluer. Delaere écrira par exemple :

‘Ces païens qui, aujourd’hui, répondent au prêtre, avec une conviction profonde : ’ ‘Je désire le baptême ! » refusaient obstinément, il y a quelque années à peine, de devenir enfants de Dieu. C’étaient des races les plus sauvages, où se commettaient les pires cruautés dont maintenant encore il reste les traces, meurtres, enterrement d’hommes vivants, anthropophagie… Mais ces actes sont rares actuellement ; la grâce travaille cette région, et ces païens fatigués et dégoûtés de cette sauvagerie, se tournent vers le prêtre et lui demandent le baptême 2 . ’

Mais quels sont ces actes de « sauvagerie » auxquelles les Ding se livraient avant l’arrivée des Jésuites ? Quelles sont ces institutions « primitives » qui régissaient leur société ?

Notes
3.

STRUYF, « Ma première visite… », op.cit., p.132.

4.

Idem, p. 133

1.

Ibidem

2.

DELAERE, « À Ipamu »…, op.cit., p.177-178.