1. 3. 2. La Loange

Rappelons que l'embouchure de la Loange a été reconnue par l'expédition von Wissmann en 1885 1 .

Un peu plus tard, dans le Bulletin de la Société Royale Belge de Géographie, Wissmann écrira lui-même que le 20 juin, ils ont trouvé à leur gauche l'embouchure d'une rivière de 40 mètres de largeur, de fort courant et dont les eaux sont rouges, elle porte le nom de « Temda » 2 .

Lors de son second voyage en 1886, Wissmann donne des informations un peu plus précises sur cette rivière: « Le Temboua, formé par la Loange et le Louchiko, amène au Kasaï des eaux rougeâtres. C'est une rivière importante, d'une largeur de 100 mètres, d'une profondeur moyenne, à sa bouche de 3 m et d'un courant impétueux mesurant 2 mètres à la seconde et contre lequel le Peace n'a pas réussi à lutter 3  ».

D’autres voyageurs européens comme Parminter en 1893 4 , Ernest Stache 5 . et l'agent de la C.K., Hohmann 6 parlent de cette rivière. Tous notent que son courant est très fort et ses eaux rougeâtres.

Le nom local de la Loange « Tiomo » a donné lieu à plusieurs déformations : Temba, Temda, N'tembo et aujourd'hui « Katembo ». Mais que signifie ces deux noms Loange et Tiomo ? Nous n'avons trouvé aucune explication dans les traditions locales. Une chose est cependant certaine : en amont, à partir de sa source en Angola, cette rivière était connue, dès le 19e siècle, sous le nom de Loange ou Lwange et plusieurs voyageurs européens la mentionnent dans leurs récits.

Malgré son courant puisant, la Loange, comme les autres grandes rivières, a joué un rôle non négligeable dans l'établissement et l'occupation de la région par les Européens. Elle est, sur le plan géographique et culturel, la ligne de démarcation entre le « Bas-Kasaï » et le « Haut-Kasaï ». Les divisions territoriales de l'époque coloniale ainsi que la répartition des circonscriptions ecclésiastiques se sont fondées sur cette frontière « naturelle ».

Dans les traditions des Lele, il était interdit au Nymi Lele ( roi de Lele) de traverser la Loange. Car son autorité était supposée non valide sur la rive droite occupée par les Wongo, ses frères ennemis.

Notes
1.

M. G, N° 21, oct., 1885, col. 3.

2.

WISSMANN, « Exploration du Kasaï » dans BSRBG, IX, 1885, p.650.

3.

WISSMANN, « Dans le bassin du Kasaï » dans M.G., 1888, col. 13a.

4.

M.G., 1893, p. 80, col. 2.

5.

M.G, 1898, col. 204-205; DEVROEY, Le Kasaï et son bassin hydrographique, Bruxelles, p.242-243; BCB., IV, col. 847.

6.

Le Directeur de la CK écrit à l’agent HOHMANN qu’il envoie en mission dans la région de la Haute-loange : « Nos agents ont réussi à remonter la Loangé jusqu'à Tshitombe. Ce point, contrairement aux indications de la première carte de la Compagnie, n'est situé que par 6° exactement. La rivière était encore navigable à cet endroit. D'autre part, il y a quelques 10 à 15 ans, plusieurs voyageurs et explorateurs ont traversé cette région de la Haute-Loangé en venant directement de l'Ouest. Nous citerons Van de Velde, Lehrman, Wissmann, Grenfell, qui nous ont laissé sur la région les renseignements que porte la carte de l'État Indépendant, par Dufief.

En comparant les indications de cette carte avec la carte de la région dont vous avez pris copie sur la nouvelle carte de la Compagnie et en se basant sur les données fournies par les voyageurs, lesquels ne signalent pas, en leurs points de passage, d'obstacles à la navigation sur la Loangé, il devient évident que c'est par la Loangé que se fera le plus aisément la pénétration du Sud-Ouest de la région du Kassaï », Lettre du directeur de la CK en Afrique., Dima, le 21 juin 1906, AHPMRAC.