1. 3. 3. La Lubwe

La première expédition Wissmann de 1885 reconnaît cette rivière: « Le Nsali-Liboué  est le nom de l'affluent suivant qui a son embouchure, à la rive gauche, par 4°12' de latitude sud. Il roule également les eaux noires. Sa largeur, à son confluent, est de 60 mètres, sa profondeur de 4 mètres 25 et sa vitesse de 1m 15/seconde » 1 . Ses eaux sont noirâtres en comparaison à celles de la Loange. La Lubwe coule du sud vers le nord. D'après les données recueillies par Ndaywel certains vieillards Ding identifieraient la rivière qu'ils appelaient « Mulasa » ou « Amulasa » avec la « Lubwe » 2 . Effectivement, la plupart des riverains désignent cette rivière du nom de « Mulasa ». Le premier poste d'État, ancêtre de l'actuel territoire d'Idiofa, fondé entre Mwilambongo et Mangungu, portait le nom de Mulasa. Cette désignation serait-elle le vrai nom de cette rivière ? Cela semble probable. Le nom Lubwe ne serait qu'une déformation de l'hydronyme « Labwi » très courant dans la région et désignant une « rivière aux eaux noires ». Un des affluents de la Kamtsha s'appelle « Labwi ».

La Lubwe a un affluent important que les Ding appelle « Lwan » et que les cartes modernes désigne par le nom « Lwandji ». Cette rivière qui prend sa source un peu en amont de la mission Kilembe, a souvent été à l'origine d'une regrettable confusion entre la Lubwe et la Loange.

C'est surtout le long de la « Lubwe » et de la « Lwandji » que les Ding orientaux se sont enfoncés vers le sud. Dans cette expansion vers le sud, ils se sont mêlés aux Wongo, aux Lele, aux Mbuun et aux Pende.

Les Européens ont mis à profit très tôt cette voie de communication et les ressources de son bassin, surtout l'ivoire et le caoutchouc. Un premier poste d'État a été établi, comme indiqué plus haut, au confluent de cette rivière avec le Kasaï dès 1893 par Paul Lemarinel 1 .

Le courant de la Lubwe n'est pas violent comme celui de la Loange. La montée est ainsi facilitée. Nous ne savons pas encore quel est le premier Européen qui a effectué cette montée et jusqu'où il est allé. Une seule certitude cependant : les témoignages de Paul Grenade corroborés par les indications de la carte établie par la Compagnie du Kasaï en 1906, montrent que plusieurs agents européens avaient sillonné la Lubwe entre 1893 et 1906 en établissant des factoreries pour le commerce de l'ivoire et du caoutchouc 2 . Suite à l'installation du poste d’État de Mulasa, la Lubwe servira de voie de communication pour l’acheminement du courrier en provenance de Léopoldville, Lusambo ou Luluabourg.

Quant aux missionnaires, la Lubwe a été, pour eux, une importante voie de pénétration vers l'intérieur du pays. Les Scheutistes de Pangu, notamment le Père René Baerts, l'empruntent, pour atteindre les Mbuun et les Pende. C'est aussi en remontant la Lubwe que les Jésuites fondent Mwilambongo en 1926.

Notes
1.

WISSMANN, « Dans le bassin du Kasaï » dans le M.G., 1888, col. 13a.

2.

NDAYWEL, Organisation Sociale…, op.cit., p. 21.

1.

Cf. supra.

2.

GRENADE, P., Lettres à ses parents et à sa sœur Henriette, Archives privées du MRAC. Voir aussi carte de l'occupation de la région des Ding orientaux par la CK.