Quel était le nombre des Ding Orientaux dans l’entre Pio-Pio-Loange avant l'arrivée des Européens ? La réponse à cette question reste une énigme.
Les témoignages depremiers Européens, depuis Von Wissmann jusqu’à De Deken en passant par Macar, Delcommune et Parminter, demeurent unanimes sur le fait que la région était fort peuplée, même s'ils sont fondés sur de simples observations et non sur des dénombrements systématiques.
Si nous avons des éléments sur les villages riverains du Kasaï, nous n'avons aucune information sur les populations de l'intérieur.
Les agents de la C.K et les missionnaires scheutistes de Pangu ne nous fournissent pas non plus d'indication sur l'état démographique des Ding orientaux entre 1893 et 1922. Cette lacune ne sera que partiellement réparée par le Jésuite Struyf par ses impressions de voyage chez les Ding et les Ngwi : «J'ai rencontré de grands villages très populeux et rapprochés» ; sans indiquer de chiffre.
Les premières données démographiques chiffrées sur les Ding du territoire de la Kamtsha-Lubwe ont été fournies par le rapport de la Mission Médicale Antitrypanosomique en 1923. La population du territoire de la Kamtsha-Lubwe recensée par la mission médicale, au 1er janvier 1923, est de 107.726 habitants dont 86.769 Babunda, 16.085 Badinga, 4.212 Bangoli, 534 Balori et 126 Bandjari 1 . Ces chiffres concernent aussi bien les Ding de l’Ouest que ceux de l’Est ; ils ne prennent pas en compte les Ding de l’entre Lubwe-Loange car cette contrée ne faisait pas partie, à l’époque, du Territoire de la Kamtsha-Lubwe mais de Basongo. Certes, le recensement n’était pas facile à effectuer. Les gens ne se présentaient pas spontanément ; souvent les recenseurs devaient employer la manière forte ; ils se présentaient accompagnés des soldats, ce qui faisaient parfois fuir des villages entiers !
En 1928, le commissaire de district de Luebo, Lode Achtten, évalue cette population à 12.000 habitants. Il reconnaît que celle-ci a dû diminuer en raison des ravages provoqués par la maladie du sommeil 1 ..
Le tableau relatif aux juridictions indigènes du district du Kasaï, signé par le gouverneur Beernaert, donne pour la chefferie de «Monkene» le chiffre de 3.865 hommes pour 155 villages, en 1929. Tandis que le tableau de 1930 indique, pour le même nombre de villages, le chiffre de 11. 787 habitants 2 .
Tous ces chiffres ne relèvent nullement d'un dénombrement systématique. Ils proviennent des approximations opérées à partir des listes établies pour la collecte de l'impôt ou l'exécution des corvées. Or, il y avait des indociles qui s'échappaient à l'annonce de l'arrivée de l'agent de l'État et d'autres étaient en voyage ; ils ne figuraient donc pas sur ces listes !
Les données glanées dans le rapport AIMO, à partir de 1944, paraissent un peu plus crédibles. Elles sont une projection faite à partir de chiffres fournis par les fiches de recensement village par village. Ainsi, par exemple, en 1944, les Ding orientaux étaient estimés au nombre de 24.909 habitants alors que la population recensée sur fiches était de 20.115 habitants. En 1945, on évaluera cette même population à 23.439 habitants. En 1946, les Ding orientaux augmentent à nouveau en nombre, ils sont 24.94. Les Rapports aux Chambres de 1950 à 1958 définissent la population selon de nouveaux critères. L'unité prise en compte n'est plus l'entité ethnique, mais plutôt le « Territoire » et le «Secteur». Les Ding orientaux et les Nzadi étaient donc recensés dans le secteur de Kapia avec les Ngwi, les Lele, les Wongo et les Mbuun que les frontières administratives n'ont pu exclure de cet espace. Les Ding orientaux et les Nzadi vivant en dehors du secteur Kapia ont été recensés dans les secteurs auxquels ils étaient géographiquement attachés. Le territoire d'Idiofa comptait 221.310 habitants en 1950 et 232.236 en 1958. En 1956 la population totale du secteur Kapia était de 48.764 habitants et la densité moyenne de 2,8 h/km².
Le dénombrement démographique suivant les unités ethniques est, forcement, source de difficultés, voire d'erreur : les ethnies ne correspondent pas aux entités administratives de type colonial. Leur répartition spatiale n'a rien de commun avec les cartes géographiques proposées par l'administrateur colonial ou le missionnaire. Comment, par exemple, distinguer les Ding des Ngwi dans un même village pluriethnique où il y a eu des mariages mixtes ?
Actuellement, on compte environ de 200.000 Ding orientaux, vivant dans le secteur Kapia.. Ceux qui sont éparpillés à travers l'ensemble du pays et dans le monde sont difficilement chiffrables.
VANSINA, « Probing the past… », op.cit., p. 358-364. Tableaux en annexe.
LODE ACTTEN cité par Van BULCK, « Les Badzing dans nos sources de littérature ethnographique » dans Congo, II (1934), p. 326.
Relevés des tribunaux indigènes, district du Kasaï, AMBAE, AA., AIMO, II. G. 2. C., N° 4.