3. 1. 2. La question des délimitations

L’un des problèmes qui oppose, encore aujourd'hui, les villageois aux agents de l’administration moderne, est celui des cartes et des croquis. Pour délimiter une propriété supposée d’un individu ou d’un groupe, selon les techniques de la cartographie de type occidental, il apparaît vite des difficultés quelque fois insolubles.

Les possessions ne sont pas nécessairement contiguës. Un clan peut réclamer des droits sur une enclave qui se trouve loin de son village, à l’intérieur d’un vaste territoire appartenant à un autre groupe social. Sur un même territoire, la terre peut appartenir à un groupe tandis que les eaux, certains arbres ou certaines exploitations souterraines reviennent à d’autres groupes. Il y a, par exemple, entre Ipamu village et Bundu, une portion de forêt vierge sur laquelle le clan Ntshum de Kibwadu (à plus ou moins de 45 kilomètres de là) perçoit un tribut.

En fait, les critères de division et de représentation de l’espace n’obéissent pas aux exigences de notre cartographie moderne. Les communautés recevaient comme héritage culturel, différents récits et mythes rappelant la façon dont ont été conçus les marquages initiaux de l'espace. Il existe donc des repères indiquant les démarcations entre différents domaines.

Dans la cour de « Munken » à Kapia, il y avait, nous le verrons plus loin, un dignitaire chargé d'arbitrer des conflits fonciers entre les différents acteurs sociaux. Il portait le titre de « mwi-ndul » (chef des frontières) 1 . Ce personnage avait une grande importance dans la résorption des conflits qui portaient souvent sur les droits de répartition des produits de la chasse. Il était la mémoire vive de la société en matière de droit foncier.

Notes
1.

NKAY, Histoire…, op.cit., p. 78.