3. 2. LA MISE EN VALEUR DE LA TERRE

Les ressources du milieu sont prélevées et majorées par la chasse, la pêche, la cueillette, l'agriculture et l'élevage. Étudions chacune de ces formes de mise en valeur.

3. 2. 1. La chasse

Nous avons trouvé dans le manuscrit du Père Janssens quelques descriptions laconiques à propos de la chasse chez les Ding orientaux 2 . D’autres sources soulignent aussi l’importance de la chasse chez le peuple que nous étudions ici : le rapport du commandant Ketele 1 ., les commentaires de Lode Actten 2 ., les écrits de Struyf et de Mertens 3 , etc.

La diversité et l'abondance 4 de la faune ont donné à la chasse un tel prestige qu’elle est devenue, chez les Ding orientaux, le centre de toute la vie sociale. Cette variété et cette abondance d’animaux sauvages devaient inévitablement entraîner une recherche permanente des techniques de plus en plus efficaces pour rentabiliser la chasse. Celle-ci deviendra donc progressivement la source des innovations technologiques et le moteur du progrès social. C'est à partir des armes de chasse que naîtront les instruments agraires et la chasse permettra d'élaborer les techniques de guerre.

Dans la tradition ancienne, le chasseur cumule plusieurs vertus : la bravoure, la connaissance et même la générosité (il sait partager). Il est souvent présenté comme l'aventurier solitaire qui, avec son chien et son arc, poursuivant un gibier, s'éloigne de son pays, explore des espaces vierges, découvre des peuples inconnus et apporte les innovations technologiques et culturelles.

Du fait des dangers qu'il court, le chasseur est à l'origine de plusieurs charmes et fétiches. Il est souvent assimilé au sorcier et au magicien. Ainsi que l'a démontré Vansina 5 , la chasse est également un acte religieux.

La chasse exige un certain nombre de connaissances dans les domaines aussi variés que la géographie de la forêt ou de la brousse, la taxonomie des animaux et leur anatomie, la cryptographie, l'histoire du village ou de la communauté ethnique, l'organisation sociale et politique, les pratiques religieuses, etc. Ainsi, chez les Ding orientaux, l'initiation des jeunes garçons consiste-t-elle d'abord en l'apprentissage de la chasse.

Notes
2.

JANSSENS, Notes...

1.

A.M.B.A.E. Archives Africaines, Dossier n° A. I. M. O. II-Q/5

2.

VAN BULCK, « Les Ba Dzing… », op.cit., p. 326.

3.

MERTENS, Les Ba Dzing de la Kamtsha..., p. 128-129.

4.

Les explorateurs du 19e siècle n'ont pas manqué de décrire cette faune qui les a beaucoup aidé, comme source d'approvisionnement, dans leurs « aventures africaines ». L'histoire du commerce de l'ivoire dans le bassin du Congo peut illustrer à elle seule l'importance des troupeaux d'éléphants qu'on pouvait avoir avant la colonisation belge. Cette richesse de la faune tropicale a fasciné et continue encore aujourd'hui l'imaginaire occidental qui ne perçoit parfois l'Afrique que comme une éternelle terre de « safari ».

5.

VANSINA, « Les mouvements religieux Kuba (Kasaï) à l’époque coloniale » in EHA, II (1971), p. 157.