3. 3. 1. La poterie

La poterie incombe aux femmes, dans les villages ou se trouve la matière première indispensable : l'argile avec « une forte proportion de quartz et un peu d'alumine et d'oxyde de fer hydraté » 1 . Toutes les femmes ne peuvent pas se livrer à ce métier. C'est au sein de certaines familles que cet art se transmet de façon presque héréditaire de mère en fille. Ce corps de métier a ses règles 2 . Nzumguba indique que l'abstinence sexuelle s'impose pour extraire de l'argile et qu'une invocation adressée aux esprits gardiens du gisement est indispensable. Nous avons peu d'informations sur l'origine de cette technique et sur la façon dont elle s'est perpétuée. Nos connaissances actuelles, nous font attester que les femmes Ding d'un seul village, celui de Bambudi, entre la Lubwe et la Loange, savaient, jusque très récemment encore, fabriquer des pots (mfwe) destinés à la cuisson d'aliments. Elles n'avaient pas de connaissances sur les techniques de la fabrication des cruches (ibung, mabung) ou d'autres objets qu'elles importaient de Mbuun.

L'industrie de l'argile est d'une grande importance chez les Mbuun parce qu'elle induiit, en aval, des échanges commerciaux avec les populations forestières du Nord qui utilisent la calebasse comme principal récipient. Les pots en argile sont recherchés non seulement pour la cuisson des aliments et la conservation des boissons, mais aussi et surtout, pour la pharmacopée traditionnelle et la confection de certains charmes qui exigeaient obligatoirement ce genre de récipient 3 .

Notes
1.

Idem, p.104

2.

Une étude a été menée par l'étudiande Kituba sur la poterie chez les Mbuun en 1997.

3.

Pour désigner un grand nombre de ces médicaments ou de ces charmes les Ding orientaux font toujours précéder le nom de la recette par le terme « mfwe » (pot, marmite). Ainsi, on dira « mfwe nsom » pour désigner le produit qui soigne la maladie « nsom », « mfwe djwuam » contre le « djwuam » ; par contre « mfwe nsib » est un charme qui permet à celui qui l'a bu de prolonger son agonie et le devin-sorcier a un « fwe ikong » qui lui permet de repérer le coupable et le cas échéant, le tuer.