1. 2. 1. Ego et ses cousins

Il convient de distinguer ici, trois types de comportement selon qu'il s'agit des cousins parallèles, des cousins croisés patrilinéaires, et des cousins croisés matrilinéaires.

Les cousins parallèles patrilatéraux ( fils ou filles du frère du père) ou matrilatéraux ( fils ou filles de la sœur de la mère) sont assimilés aux consanguins d'Ego. Ils doivent notamment être appelés « aîné »(gié) ou « cadet »(mukwam) selon qu'ils sont plus ou moins âgés que lui. Ainsi, le groupe de consanguins se constitue non seulement de frères et sœurs, ainsi que de demi-frères et sœurs, mais aussi de tous les cousins parallèles. Il importe de préciser que, parmi ces derniers, le cousin parallèle matrilatéral est considéré comme plus proche d'Ego que son correspondant patrilatéral. Ceci s'explique par le fait que tous les deux, sortent du même « ventre », c'est-à-dire qu'ils sont non seulement consanguins, mais qu'ils appartiennent à la même lignée. Les autres cousins sont assimilables aux demi-frères avec qui Ego n'a de commun que le père.

La distinction qui s'établit entre cousins matrilatéraux et patrilatéraux, est identique à celle qui existe entre demi-frères.

En ce qui concerne les cousins croisés la situation est toute autre. Les Ding orientaux établissent une distinction entre l'enfant de la sœur du père qui est considéré comme « père » et l'enfant du frère de la mère que Ego regarde comme son « enfant » 1 .

Le respect est de rigueur à l'égard du cousin croisé patrilatéral, même si celui-ci est plus jeune qu’ego qui doit l'appeler « père » (taa). Le terme d'adresse « taa » désigne le père, ses frères et ses neveux. Ce phénomène est sans doute déconcertant ; il est cependant logique : le cousin croisé patrilatéral, à qui Ego doit tant de considération, n'est que le neveu utérin de son propre père. Dans les sociétés matrilinéaires, la filiation se fait d'oncle à neveu, c'est-à-dire du frère d'une femme au fils de celle-ci. À ce titre, le cousin croisé patrilatéral s'identifie au père d'Ego, il est son héritier direct, celui qui prendra sa place dans le lignage. Tout ce qui est au père d'Ego est à lui : l'épouse de son oncle (c'est-à-dire la mère d'Ego) est pour lui une épouse et celle-ci l'appelle « mon mari » 2 . Ego le considère que comme son père, quel que soit son âge, car il l'identifie à son père.

Le même raisonnement est à faire en sens inverse, pour comprendre l'écart qu'il y a entre Ego et son cousin croisé matrilatéral.

En ce qui concerne la cousine croisée patrilatérale, Ego ne peut pas l’appeler « mère », ce qui aurait signifié qu'elle est en relation de conjoint avec son propre frère. Ego la désigne par le vocable « père femme » (taamukoor). En réalité Ego ne l’identifie pas au père, mais à la sœur du père désignée, elle aussi, par « père femme ».

Ego peut adopter à l'égard de sa cousine croisée patrilatérale un comportement assez libre. Au village, il n'aurait pas scandale si Ego se permettait de plaisanter avec sa cousine patrilatérale et si elle lui servait de partenaire dans le jeu. Cette cousine croisée peut aussi devenir la femme d'Ego à condition que le frère de sa mère ( le père d'Ego) ait décidé de la donner en mariage à son fils. Ce genre de mariage se dit « mukaa taa » (littéralement : femme donnée par le père) 1 .

Notes
1.

NDAYWEL, Histoire générale..., op.cit., p. 169

2.

En cas du décès de l’oncle maternel, le système de lévirat oblige le neveu d’épouser la (les) veuve (s) héritée (s) de l’oncle.

1.

Cf. infra.