1. 3. CONCEPTION DU TEMPS

Comment les Ding orientaux comptent-ils le temps ? Les deux saisons constituent, sans doute, les références temporelles importantes. Les Ding orientaux situent les événements par rapport à la succession des saisons sèches. Ils disent, par exemple, que tel fait s’est déroulé, il y a de cela tel nombre de saisons sèches. D’autres événements, surtout la mort, se situent par rapport à des séries de neuf jours ou neuvaine (ewa). Trois et ses multiples sont des chiffres symboliques abondamment utilisés dans plusieurs rites, dans les contes, etc. Nous n'en avons pas encore étudié la signification.

Le mois lunaire est connu. Le cycle physiologique de la femme obéit étrangement et de façon manifeste au rythme cosmique. Ce cycle est en moyenne de 28 jours du mois lunaire. Chaque quartier de la lune dure chez les Ding orientaux et chez d’autres peuples de la région, deux semaines de quatre jours dont trois jours de travail et un jour de repos. Ces jours sont : Mpia, Okamn, Minkien (Ngwan) et Mukl. Ces quatre jours sont, d’après les traditions collectées par Munkyen, les quatre jours de menstruations de la Reine-Mère mythique des Ding ; cette dernière, ayant refusé tous les prétendants dont l’Éclair, s’est vue foudroyée par ce dernier. Elle disparut dans le sol en saignant pendant quatre jours ; ce temps lui permit de guérir. Elle ressuscite le 4e jour en chantant et elle renaît intacte en même temps que la nature et, aussi les villages brûlés au même moment qu’elle. Chaque femme ding possède en elle les traits de la Reine-Mère, le plus connu étant bien sûr les quatre jours ( en moyenne) de menstruations 1 .

D’après les historiens de la région, cette semaine de quatre jours est étroitement liée au système des marchés de la zone du « grand commerce du fleuve ».

De ces quatre jours de la semaine, le « Mukl » est jour de repos, interdit de transgresser. Ce jour là, les esprits errent en forêt. Il est déconseillé d’y aller travailler. Ce jour est essentiellement réservé au règlement de palabres et à l'offrande de sacrifices aux ancêtres et aux esprits.

Notes
1.

MUNKYEN, O., Étude contrastive phonético-phonologique entre le français et le ding (B. 86) du Zaïre. Propositions pour la correction phonétique et graphique, Thèse de Doctorat, Paris, 1990, p. 32.