4. 2. LES POUVOIRS EXTRAORDINAIRES DE L’HOMME

Les Ding orientaux croient que certains individus possèdent des pouvoirs extraordinaires et qu’ils savent les exercer pour le bien ou pour le mal, sur les hommes et sur les choses. Ces pouvoirs peuvent être innés ; ceux de jumeaux constituent un exemple. Ceux qui ont « quatre yeux » savent détecter parmi les naissances normales, des enfants prédisposés à tel ou tel autre pouvoir. Les pouvoirs peuvent aussi être acquis par l’initiation auprès des « maîtres » reconnus. Quelque soit leur nature – innés ou acquis – tous ces pouvoirs sont bénéfiques ou maléfiques.

Parmi les pouvoirs bénéfiques nous citerons :

- La voyance qui est le don de « voir » le passé, le présent et l’avenir et, aussi, ce qui est soustrait habituellement au regard du commun des mortels. L’exercice de ce don est l’apanage du devin. Mais certaines personnes exercent habituellement ou occasionnellement ce pouvoir par les rêves (ndoeu ) ou par les transes (ugie).

- Le pouvoir de bénir revient habituellement aux parents (sociaux ou biologiques). Ils prodiguent leur bénédiction par un rituel fort simple : ils tracent une ligne avec du kaolin sur le front et les mains du récipiendaire en prononçant une formule qui commence toujours par le mot : « tshwa… ». Les jumeaux et les parents-jumeaux bénissent avec le charme constitué lors de leur naissance. Cette bénédiction (nkwum ) apporte « la bonne chance » (igya) et du succès à qui la reçoit. Certains rites de purification (isoo) relèvent aussi de la bénédiction.

- Certaines personnes possèdent le pouvoir de maîtriser les éléments et le destin. Elles ont une habileté surhumaine et elles possèdent, croit-on, le secret de la fortune et de la réussite sociale. Ce sont, à proprement parler « les magiciens ». Entrent dans cette rubrique les personnes prétendant, par exemple, entrer dans l’eau sans se mouiller, marcher à travers le feu sans se brûler, transformer un arbrisseau en arbre géant, faire pleuvoir à volonté, arrêter la pluie, etc. Le forgeron (mutl), le juge(ntian), le joueur de tam-tam (ngringom) et le lutteur (minkar) possèdent ce pouvoir.

Les pouvoirs maléfiques sont de plusieurs ordres :

- Les imprécations et les malédictions (ibuu) sont des paroles maléfiques, décochées par des parents, des aînés revêtus d’autorité et de prestige ; elles provoquent malheurs, insuccès, maladies et malchance à ceux qui les reçoivent. Les accusations dans ce domaine sont courantes. Il est prudent de contrôler son langage.

- L’ensorcellement et l’envoûtement sont les pouvoirs maléfiques du sorcier. Il les l’exerce pour provoquer la mort ou l’altération de la santé physique ou psychique de l’individu visé. Les Ding orientaux croient que le sorcier ne peut agir qu’en utilisant un substitut de la personne visée : effigie, ongle, cheveux, trace de pas, morceaux d’habit, etc.

- Les Ding orientaux croient aussi que certaines personnes ont le pouvoir de devenir maîtres de leur double, de faire enlever d’autres par les mânes, de provoquer des visions terrifiantes chez leur adversaire, de se transformer en animal féroce pour détruire, tuer et nuire.

Toutes ces croyances sont ancrées dans la culture des Ding orientaux. Elles sont séculaires et elles ont contribué à modeler leurs institutions et leur vision du monde.