1. 1. 4. Imposition de médailles

L’imposition des médailles fait partie de la cérémonie d’admission au catéchuménat. Cette cérémonie est souhaitée par les Supérieurs des Missions : « Afin de faire apprécier davantage la condition de catéchumène, et de leur imprimer plus avant dans l’esprit les engagements qu’ils prennent, et aussi pour permettre aux missionnaires, quand il y a de graves raisons, de prolonger la première épreuve, sans susciter trop de réclamations, il y aura lieu d’établir, partout où ce sera possible, une cérémonie solennelle d’admission au catéchuménat » 2 . Les étapes du déroulement de cette cérémonie sont précisées :

Il est à souhaiter en effet, que les catéchumènes portent un insigne qui les distingue des postulants et des chrétiens 1

Au fil des années, cette cérémonie d’admission au catéchuménat qui, au départ, se voulait modeste, va prendre de plus en plus de l’importance et se centrer sur ce qui au début était facultatif, l’imposition d’un signe distinctif, au point que, même dans le langage missionnaire, c’est l’expression « imposition des médailles » qui va s’imposer pour désigner la cérémonie d’admission des catéchumènes 2 .

Au Kasaï, ce signe consiste à une médaille de la Sainte Vierge et à un scapulaire, le chapelet étant réservé aux chrétiens. Chez les Jésuites du Kwango, la pratique est la même.

La cérémonie d’imposition des médailles est donc un moment important pour le catéchumène. Les insignes qu’il porte le séparent du païen et lui permet d’apprendre les « prières » des chrétiens. Sa médaille et son scapulaire possèdent, certes, un « pouvoir » mais un peu moindre que le pouvoir conféré par le chapelet. D’où la nécessité de s’appliquer pour atteindre l’étage supérieur : le baptême.

Les missionnaires de Pangu procédent à ces impositions de médailles sur place à la mission ou dans les centres où il y avait un important nombre de catéchumènes. Ainsi, par exemple, le 8 octobre 1915, Moons se rend expressément à Mangaï pour imposer les médailles aux catéchumènes 3 .

Au fur et à mesure que les catéchumènes augmentent en nombre, les besoins en médailles s’accroissent. La correspondance des missionnaires indique des demandes de plus en plus nombreuses de médailles de la Vierge Marie. Plus tard, ce sont les médailles du Cœur de Jésus et d’autres Saints qui viendront agrandir la panoplie d’insignes chrétiens.

Notes
2.

Recueil d’Instructions..., op.cit., p. 48.

1.

Recueil d’Instructions..., op.cit., p. 48.

2.

À l’époque coloniale, le port d’une médaille avait une signification politique et sociale que nous avons de la peine à percevoir aujourd’hui. Une médaille donnée par un Blanc de l’État au noir, était un signe de reconnaissance des mérites de ce dernier par le premier. Celui qui avait reçu la médaille acquérait un prestige par rapport à ses congénères. Le catéchumène pouvait, sans nul doute, comparer sa médaille à celle discernée par l’État. Après tout, ne sont ce pas les mêmes blanc qui « donnent des médailles » ? Il n’était pas étonnant de voir un chef africain chrétien arborer sur une même poitrine, à côté des médailles discernées par l’état, celle reçues de l’Église. La médaille comme le chapelet se sont souvent substitués aux talismans et autres amulettes traditionnelles de protection. Un missionnaire ne préconisait-il pas, lors de la quatrième semaine de missiologie de Louvain, que les « images et les amulettes de noirs soient remplacées par le culte des images et des médailles de la Mère du Ciel » ? (DUFONTENY, P., « Griefs des indigènes au sujet de l’Apostolat » in Autour du problème de l’adaptation, Compte rendu de la quatrième semaine de missiologie de Louvain (1926), Museum Lessianum, Louvain, 1926, p. 15).

3.

JMP, le 8 octobre 1915.