2. LES MARGES DU CHRISTIANISME OU LE « BRICOLAGE » RELIGIEUX

De la rencontre du christianisme avec la tradition religieuse ancestrale sont nés des mouvements religieux que d'aucuns ont qualifié de « syncrétiques ». Les enseignements de ces groupes sont une sorte de compromis entre les croyances africaines, les préceptes chrétiens et une interprétation plus ou moins « africanisée » de la Bible par des prophètes noirs. Nous pouvons dire qu'il y a eu ici, de la part des Africains un effort de « bricolage » pour se donner une religion qui se situe à la frontière entre le christianisme et les religions dites « traditionnelles ».

Les succès de ces mouvements proviennent de leur enracinement dans la culture locale et des réponses concrètes qu'elles proposent aux problèmes vitaux de leurs adeptes ( la maladie, la sorcellerie, les impôts et les corvées exigés par le colonisateur, la pauvreté, etc.). À cause de leur caractère millénariste promettant un monde nouveau débarrassé de l’oppression coloniale, ces mouvements sont vite apparus comme de dangereuses rébellions et ont été rapidement l’objet d’impitoyables répressions de la part des autorités coloniales. Les missionnaires ont combattu ces formes de religiosité les qualifiant tantôt de « sorcellerie », tantôt de « superstitions dangereuses » ou de « rébellion contre l'autorité étatique ». Ils ne se sont pas souciés de les étudier pour mesurer leur impact sur l'action évangélisatrice.