CHAPITRE QUATORZIÈME
À TRAVERS QUELQUES CLICHÉS : LA MÉMOIRE DE L'INDIGÈNE

S'il existe, côté jardin, une «  mémoire missionnaire » qui se préoccupe de reconstituer « l'image que les missionnaires [...] se sont faite des Africains qui les ont accueillis, et d'analyser le jugement qu'avec recul; ils portent sur leur action » 1 , il doit exister aussi, côté cour, une « mémoire indigène » prête à restituer l'autre regard, celui des Africains, sur les missionnaires blancs et leurs actions 2 .

La rencontre du catholicisme avec une culture locale, dans le contexte colonial, doit aussi avoir fécondé l’imaginaire de l'indigène. En observant le missionnaire ou plutôt le Blanc (missionnaire), le « Nègre » a, lui aussi, fait des supputations sur ce qui lui paraissait étrange, il a fabriqué des clichés pour « dire » cet autre, le Blanc, qui envahissait son univers. Il doit aussi avoir inventé des intrigues pour raconter et expliquer son expérience de la rencontre avec le missionnaire.

Si le missionnaire a souvent laissé les traces écrites de ses rencontres avec les natifs, ceux-ci, par contre, ne sachant ni lire ni écrire, n'ont gardé que des souvenirs oraux, fragiles à conserver et difficiles à interpréter. L'objet de ce dernier chapitre est d'examiner, à travers quelques clichés, la représentation du « Blanc missionnaire » et de son œuvre par les autochtones (les Ding orientaux).

Notes
1.

DERROITE, H. et SOETENS, C., La mémoire missionnaire. Les chemins sinueux de l'inculturation, Lumen Vitae, Bruxelles, 1999, p. 5-6.

2.

Dans plusieurs passages de sa thèse KISWESO, déjà cité, donne la parole aux témoins africains qui portent un jugement sur l'action des Pères jésuites au Kwango.