3. 1. COMMENT NOMMER CES ÊTRES À LA PEAU BLANCHE?

Nous avons d'abord voulu savoir comment les anciens désignent tous ces Blancs qu'ils ont vu déferler chez eux.

Il faudrait d'emblée remarquer que pour les Ding orientaux, est Blanc, toute personne qui n'a pas la peau noire : Européens, Arabes, Chinois, Indiens, Amérindiens, etc.

Le terme le plus ancien pour désigner ces Blancs serait « Mimbang'n ». Personne ne nous a donné la signification de ce mot qui est, pourtant, encore utilisé aujourd'hui. Serait-il en rapport avec la blancheur des pointes d'éléphant que les Ding orientaux appellent « mimbang'n mi nzoo » ? Si c'est le cas, l'allusion serait faite soit à la couleur de l'ivoire (le blanc), soit aux Blancs qui achetaient l'ivoire. Le terme « mimbang'n » n'est repris par aucune source écrite. Les témoignages oraux ne suggèrent aucune explication à ce vocable.

Dans la littérature écrite et fréquemment, les Ding orientaux qualifient les Blancs par le terme « N’km » (Kumu, Nkum). Ce vocable se réfère à la nomenclature politique et il veut dire « chef » 1 . Le Blanc est perçu sous l'aspect de son autorité : il est celui qui dirige et qui commande. Ce mot qui est le plus utilisé aujourd'hui, nous le trouvons pour la première fois dans le récit d'un voyage que R. Baerts, missionnaire de Pangu, effectue sur la Lubwe. Le Père rapporte que les « indigènes » l'interpellent par le nom de « Nkumu Nzambi » 2 (chef ou Blanc de Dieu).

Avec l'introduction du kikongo, les mots « Mundele » (sing) et « Mindele » (plur.) font leur intrusion dans la langue des Ding orientaux. Dans certaines régions, ces termes sont transformés en « Mundé » et « mindé ». Les mots « mundele » et « mindele » appartenant à la culture kongo, ont une histoire qu'il convient de connaître.

Le premier contact des Congolais avec le monde occidental s’est passé, on s’en souviendra, dans les touts premiers jours du mois d’août 1483, date de la découverte officielle du fleuve Congo et du royaume du même nom, garantie par l’installation d’un padrâo, monument de pierre qui sanctionnait toute « découverte » géographique des Portugais depuis que Henri le Navigateur avait lancé ce peuple dans la voie des expéditions maritimes. En cette année 1483, lorsque les caravelles de Diogo Cão, sujet de sa Majesté le Roi du Portugal, sillonnèrent les eaux de l’embouchure du fleuve Congo, Muzinga a Nkuwu siège sur le trône à Mbanza Kongo, la capitale du royaume qui deviendra plus tard Sâo Salvador. L’arrivée de Diogo Cão et ses hommes est ainsi une occasion offerte aux sujets du Mani Kongo (Roi du Kongo) de découvrir l’homme blanc. Au début, les sujets de Muzinga à Nkuwu n'ont apparemment pas considéré les marins blancs comme des hommes. Ils pensent avoir à faire à des « mindele » c’est-à-dire des « revenants », ou des « fantômes ancestraux » 1 . Il n’est certes pas courant de rencontrer ces « mindele », mais si cela se produit un jour, pense-t-on, ils doivent nécessairement se présenter sous cet aspect car l’ancêtre, s’il lui arrive de prendre la forme d’un revenant, doit nécessairement être blanc. Quoi d’étonnant ? Les fantômes qui effraient les femmes sur le chemin de la rivière ne sont-ils pas blancs ? Plusieurs autres arguments viennent étayer la certitude que ceux qui sont apparus à l’océan sont des ancêtres morts. D’abord dans la vie de tous les jours, les morts sont enterrés couverts d’une étoffe blanche. Le kaolin blanc est le signe des ancêtres et de la mort. La couleur blanche, contrairement à ce qui se fait en occident, est le symbole de la mort. Ceux qui rencontrent les revenants sur leur chemin disent toujours avoir vu un homme vêtu en blanc . Ceux qui ont fait la singulière expérience de mourir et de revenir à la vie, disent toujours la même chose : tous les habitants d’outre-tombe sont tous de blanc vêtus.

Regardez, dit-on, les enfants quand ils naissent, ne sont-ils pas blancs ? Or dans cette région de l’Afrique, on croit encore, jusqu’aujourd’hui, que chaque enfant est la réincarnation d’un ancêtre de la famille ou du clan. Et c’est en vertu de cette croyance qu’on attribue le nom au nouveau-né.

Que les « mindele » parlent, mangent et boivent, cela ne paraît pas non plus étrange. De temps en temps, on voit un enfant grandir en gardant son état originel de « mundele ». Ces êtres spéciaux qu’on appelle « ndundu »(albinos) sont des revenants, émissaires des ancêtres auprès des vivants. C’est pourquoi ils sont associés au pouvoir royal. Ce sont, selon l’expression de Luc de Heusch, des « monstres sacrés » 1 au même titre que les nains et les jumeaux. Voici une description de ces personnages faite au 16e siècle par Dapper à la cour du roi de Loango : « Ils ont les cheveux blonds, les yeux bleus, le visage et le corps si blancs qu’on les prendrait de loin pour des Anglais ou des Hollandais, mais à mesure qu’on s’approche d’eux, on s’aperçoit de la différence » 2

Donc Diogo Câo et ses hommes correspondaient à une vision que les peuples de la côte atlantique ont déjà. C’est ce qui explique la sérénité de l’accueil.

Le mot « mundele »( plur. « mindele ») est resté dans le fond culturel des peuples de l'ouest Congo (donc les Ding orientaux) comme concept servant à désigner l’homme blanc. En même temps que le terme, se sont répandues les idées associant les « Blancs » aux fantômes ancestraux. Ces idées vont s'amplifier avec l'introduction des nombreux produits de l'industrie européenne et l'extension du christianisme.

Le vocable « Mundele » va donner naissance à plusieurs autres anthroponymes comme « Mundele Ndombe », « Mundele Nzambi », « Mundele Mbongo », « Mundele Ngolo », « Mundele Ngulu », « Mundele Ndundu », etc.

Pour les Ding orientaux les Blancs ne sont pas tous les mêmes. Il y a, suivant leur ordre d'arrivée, d'abord les Blancs qui achètent du caoutchouc et l'ivoire. Les Ding les ont appelés« N’km nduun » ou « Mundele ndundu ». Dans la mémoire collective, cette catégorie est considérée comme méchante et voleuse car elle n'hésitait pas à humilier même les hommes les plus respectables de la société pour obtenir ivoire et caoutchouc.

Le deuxième groupe est constitué des Blancs travaillant pour l’État. Ces Blancs font payer les impôts (kitari, mpaku), recrutent les travailleurs ou les soldats, jugent les palabres,ordonnent les corvées, etc. Les Ding orientaux n'ont pas, dans leur langue, un terme propre pour désigner cette catégorie. Pour parler d'eux, soit ils traduisent l'expression kikongo « mundele ya leta » qu'ils rendent par « n'km leta », soit ils emploient simplement une autre expression kikongo « Bula-matari ». Cette seconde expression mériterait quelques explications.

Selon Laveille,« Bula-matari », c'est-à-dire « le Briseur de rochers » est « le nom donné par les noirs, d'abord à Stanley, qui faisait sauter les rochers à la dynamite, puis au gouvernement et aux soldats de l'État Indépendant » 1 . Stanley lui-même se glorifie de porter ce surnom. Il le traduit en anglais par « the rockbreaker ». Il se vante d'avoir une volonté de fer, capable de briser les rocs. Le Père Bontinck qui a étudié l'étymologie de ce terme estime que « Bula-matari » 2 n’a pas la connotation de courage et d’endurance que Stanley y met pour son autosatisfaction ; il fait plutôt allusion à sa méchanceté. Si dans le Bas-Congo, on lui a donné le surnom de Bula-Matari, c’est en référence à un autre personnage historique tout aussi exécrable qui a vécu dans la région au 16e siècle : Dom Francisco Bullamatari. A sa mort, ce notable autochtone a été enterré près de l’église de Sâo Salvador. La tradition populaire dit que même les démons en furent scandalisés et s’employèrent à déterrer le corps de ce lieu béni. Il est donc logique qu’un personnage aussi cruel que Stanley ait été considéré comme une réincarnation, un retour de l’esprit du Dom Francisco Bullamatari 3 .

Comme c'est Stanley qui était le premier représentant de l'État ( c'est avec lui que les chefs locaux ont signé les premiers traités reconnaissant l'autorité des Blancs), son surnom de Bula-Matari a été étendu à tous les Blancs représentant la puissance étatique.

Assez proches des Blancs de l'État, sont les Blancs qui s'occupent de la santé. Les Ding les désignent par le mot kikongo « Munganga » et sa résidence est « Waa u Munganga » (le village de Munganga). Le terme est-il à mettre en rapport avec la racine -nganga qui désigne le guérisseur, le soigneur, le féticheur et parfois le sorcier ou faut-il y voir une métaphore, car le mot « munganga » désigne aussi la mouche tsé-tsé, vecteur de la maladie du sommeil ? Selon cette deuxième assertion, le « Munganga » serait celui qui est censé soigner la maladie transmise par la mouche tsé-tsé (munganga). Cette hypothèse est acceptable car les campagnes antitrypanosomiques menées par le docteur Schwetz 4 ont fortement marqué les esprits.

Les commerçants n'ont apparemment pas une désignation particulière. Les ding les distinguent selon la spécificité de leur commerce. Ainsi, il y a les Blanc qui achètent le caoutchouc (Mundele ndundu), les noix de palme (Mundele ya ngasi), l'urena (mundele ya Punga), etc., ou par le nom de leurs compagnies: Mundele ya C.K. (N'km C.K.), Mundele ya CCB (N'km CCB), etc. Les autres sont appellés par leur nom précédé de « Monsieur » : Monsieur Vieira, Monsieur Bot, Monsieur Maia, Monsieur Deniz, etc.

Les missionnaires, catholiques ou protestants, sont des Blancs à part. Un missionnaire de Pangu, R. Baerts rapporte, comme indiqué plus haut, que les Ding orientaux les appelaient  « Nkumu Nzambi » 1 , c'est-à-dire les « Blancs de Dieu ». Tandis qu'en ciluba ces mêmes Scheutistes sont désignés par le terme « Mupere » (mon Père). Au début de leur évangélisation, dans le Bas Congo, les Jésuites sont appelés « Mundele Nzambi » ( plur. Mindele Nzambi), c'est-à-dire « Blanc de Dieu » 2 . Nous ne savons pas si les Ding orientaux ont adopté cette terminologie. Nous avons seulement la certitude que les Pende,voisins méridionaux des Ding, emploient, vers 1922, la périphrase « Mundele Nzambi »3. Cette expression sera progressivement remplacée par « Nganga Nzambi ». Ce dernier vocable n'est pas univoque. Il signifie à la fois « guérisseur de Dieu » et « sorcier de Dieu ». Le terme « nganga » employé dans ce contexte, confère un pouvoir d'ordre surnaturel aux missionnaires et les rapproche du monde de nuit, celui du commerce avec les défunts.

Dans toute la Mission du Kwango(donc Ipamu) les Jésuites se font appeler, la plupart par leur prénom, certains par leur nom, mais précédés l’un ou l’autre du titre non pas de père ou frère, mais de « mfumu », c’est-à-dire « chef » 4 . Les supérieurs de mission ont droit – et certains s’en prévalent – au titre supplémentaire de « Mfumu Nkuluntu Uzitisu », c’est-à-dire « vénéré chef supérieur ». Les frères coadjuteurs sont appelés « Mfumu frère » 1 . Les missionnaires se présentent, en fait, comme des chefs et l’imaginaire populaire les considère comme tels. Le prêtre est parfois appelé « mumpe » ou « muper » (mon père), déformation manifeste de « mon Père ».

Les Ding orientaux n'attribuent aux pasteurs protestants ni le titre de Nganga Nzambi ni celui de « Mumpe ». Ils désignent tous les protestants par le vocable « misioni » ou « misioner » Leur chef est, en kikongo, « Mfumu ya ba Misioni » (chef des misioni).

Nous ne savons pas, faute de document, comment les Scheutistes de Pangu, présentaient les protestants à leurs fidèles. Du temps des Jésuites, les missionnaires catholiques enseignaient que les « protestants sont des infidèles », ils n'ont pas les « sacrements », ils ne sont pas aussi organisés que les catholiques, il n'ont pas de bonnes écoles, etc.

La proximité des missionnaires et les contacts prolongés avec eux ont fait découvrir aux Noirs que chaque missionnaire est une personne singulière et que chacun a son nom et ses traits physiques particuliers. Leurs noms européens restent, cependant, très compliqués à prononcer et difficiles à traduire et à expliquer. Pour contourner ces difficultés, deux stratégies sont adoptées :

1° Le nom (ou prénom) européen est déformé et prononcé selon la phonologie de la langue locale. Par exemple : Père Jean Baptiste Adam = Mfumu Jean Badan ; Père van Rompay = Mfumu Muvandrompay.

2° Les indigènes usent des surnoms pour désigner les missionnaires. Ces surnoms décrivent leurs activités, leurs caractéristiques physiques ou leurs tics, déforment leurs noms, etc.

Du temps des Oblats, par exemple, un Père est appelé « Mfumu kapwepwe »( le père qui a des longues jambes et marche comme l’oiseau kapwepwe) ; un autre « Mfumu Itubidi » ( le père « j’ai dit »), un autre encore « Mfumu Nkwele » ( Père « petit vieux »), etc. Le tableau ci-dessous reprend les noms africains de quelques missionnaires de Scheut :

Tableau N°21 Noms africains (surnoms) de quelques missionnaires du Kasaï
Missionnaires Noms africains (surnoms) Explications
Van Kerckhove Bundoki Fusil, nom donné à tous les armuriers de l'État.
Boghemans Tshiela-ntende Qui tire des cartouches, bon tireur
Savels Mukelenge Mwana Le jeune chef
Janssens Kakese Le petit
Dalle Tshienda bitikete Qui marche à petits pas
Kijcke Mulonda mbuyi Qui marche derrière les chèvres
De Clerq Kele Katwe Un couteau qui coupe bien
De Cleene Manvwanvu Longue barbe, nom d'un chef barbu
Van Leuven Mandombile Homme jovial, de bonne humeur
Cneut Embongolo Marmite
Baten Iwango Nom d'un grand oiseau qui crie fort mais sans faire du tort.
Geens Mokwele Oiseau du fleuve qui à un certain moment vole si près de l'eau qu'on ne le distingue plus, mais il apparaît plus loin. Geens ressemblait à cet oiseau lorsqu'il surveillait. On le croyait parti, mais il réapparaissait plus loin.
De Boeck Mabete talu Le beau regard ( les enfants l'appellent De Buku)
Missonne Madi Kumputu Qui vient d'Europe
Renier Sanza ma likolo Qui ne regarde que les étoiles (il ne regardait pas les gens quand il parlait, il regardait en haut, c'est-à-dire la lune (sanza)
Boumans Mangono Le long
Beel Lingenda bâton
Cambier Nganga-Buka Sorcier-docteur (Le docteur Sims, un des premiers docteurs de l'État a le même nom).
Seden Kalombo Qui marche en avant; nom d'un chef indigène.
Seghers Tshimbalanga Qui a la figure attaquée par la variole
Stroo Kasongo mule Kasongo le long ( Kasongo = chef noir)
Garmyn Tala-tala Lunettes

(Sources : ARCCIM, T.I.b.2.3.)

Les religieuses sont les « Bamasœurs » (Ba- = préfixe du pluriel) au pluriel et « masœur » au singulier. Pour les distinguer, on procède de la même manière que pour les hommes : soit on les appelle par leurs prénoms en les écornant souvent (Zwan = Jeanne, Abete = Albertine, Isabel = Élisabeth, Nobetin = Norbertine, etc.), soit on leur colle des surnoms ou noms africains (Nka Djef).

D'une façon générale, le terme « monsieur » est employé pour désigner tout Blanc, excepté le missionnaire. Entre eux, les autochtones s'appelaient par leur noms ou prénoms.

Les femmes blanches sont des « madame ». Et chez les Ding orientaux, le mot « madame » signifie simplement « ma femme ». Malheur à quiconque oserait appeler sa mère, sa sœur ou l’épouse d’autrui « madame » 1  !

L'ignorance de la géographie a amené la majorité à croire que l'Europe (Mputu) était un seul pays : le pays de tous les Blancs indistinctement 2 . Dans les villages, il n'était pas rare que les gens confondent deux Blancs tellement on les croit tous pareils. Ce sont la soutane et la barbe qui permettent de distinguer les Pères et les Sœurs des « Madame » et « Monsieur ».

Pour le commun des mortels la distinction entre, par exemple, un Flamand et un Portugais, ne relève pas tant de leur nationalité mais plutôt des fonctions qu'ils occupent dans la division coloniale du travail. Les autochtones appellent « Flamand » tout agent de l'administration coloniale, moulu dans son costume blanc, avec sur sa tête son casque colonial. Le Flamand était réputé rigoureux dans son travail, sévère vis-à-vis des Noirs et intraitable quand il s’agissait de manier le fouet1. En réalité les Flamands étaient les plus haïs de la gent blanche au Congo belge parce qu’ils étaient aux premières loges des exactions policières et administratives que subissaient les populations. C’étaient de méchants fantômes.

Les Ding orientaux mettent dans la catégorie de « Portugais » (Mputrukes) tous les Blancs, quelque soit leur véritable nationalité, qui se livrent au commerce. Ce sont eux qui avaient des magasins à Bankumuna, Pangu, Binko Musese, Kapia, Kibwadu, Manzom, Mbeo, Nkil, Bampum, Kasangunda, Mukoko, etc. Ils n’avaient pas l’orgueil et la noblesse des Flamands.

Comme on ignore tout de la géographie, de l'organisation sociale et économique qui prévaut au pays des « Blancs », on suppose qu'ils sont tous de familles riches, qu'il n'y a pas de gens pauvres et malheureux. Ces idées sont renforcées par les missionnaires qui, revenant de congé, apportent des nouveautés de l'Europe et souvent font des largesses.

Notes
1.

Cf. supra.

2.

Cf. supra.

1.

Lire NDAYWEL, Histoire générale..., op.cit., p. 85 et HOCHSCHILD, Les fantômes du roi..., op.cit., p. 26.

1.

De HEUSCH, Le roi de Kongo et les monstres sacrés, Gallimard, Paris, 2000.

2.

Idem, p.

1.

LAVEILLE, E., L'évangile au centre de l'Afrique. Le P. Van Hencxthoven S.J. Fondateur de la mission du Kwango (Congo belge) (1852-1906), Museum Lessianum, Bruxelles, 1926, p. 135, note n° 2.

2.

Le mot « bula-matari » désigne aussi une espèce de guêpes dont l'essaim comporte plusieurs milliers d'individus. Ces insectes ont un venin mortel. Le Père Struyfles décrit dans un article intitulé « La descente de la Lubwe », in RMJB, 1931, p. 301-3002.

3.

BONTINCK, F., « Les deux Bula-Matadi », Études Congolaises, 12 (1969) 3, p. 83-97.

4.

Cf. supra.

1.

JANSSENS, Mpangu Saint Pierre Claver, ARCCIM, boîte, Z.III.b.3.1.21.

2.

LIAGRE Précis historique, 1894, p. 571

3.

BECKERS, « Que Dieu protège la tribu des Bapende ! »..., op. cit., p. 135.

4.

Dans leur comportement quotidien, les missionnaires belges du Congo ont souvent exigé d'être reconnus comme des « chefs ». Ainsi, par exemple, l’Assemblée de 1905 des Supérieurs et évêques des Missions catholiques avait-elle traité parmi les questions à l’ordre du jour, « le rang des missionnaires ». On peut lire ce qui suit dans le compte rendu :

« Quoique la question de préséance soit secondaire en soi et aux yeux des missionnaires, elle n’est pas, cependant, sans importance, au Congo. Les indigènes, en effet, au courant de la hiérarchie civile et militaire, mesurent souvent leur respect envers les européens, sur les égards et les honneurs qui leur sont rendus durant leurs voyages et dans les stations de l’Etat. Or, ce respect des indigènes est indispensable aux missionnaires pour le succès de l’œuvre civilisatrice ».

En 1906, le protocole d’assimilation de préséance proposé fut le suivant : vicaire apostolique : vice gouverneur ; préfet apostolique : inspecteur d’Etat ; supérieur de mission et provinciaux : commissaires de district ; supérieur de résidence : chef de territoire ; autres missionnaires : chef de secteur… Dans la pratique, à l’époque coloniale, les missionnaires se considéraient comme des « chefs » et n'hésitaient pas à revendiquer ce privilège auprès des autochtones. Lire RIBAUCOURT, op.cit., p. 88

1.

RIBAUCOURT, op.cit., p., 88.

1.

Le mot « madame » peut aussi être chargé d'une connotation péjorative. Il est utilisé dans ce sens pour désigner une femme paresseuse qui ne sait ni faire le ménage ni travailler aux champs. Les filles qui vont à l'école et se coupent de leur milieu traditionnel sont aussi ironiquement qualifiées de « madame ». Nous avons entendu les paysannes taxer les institutrices, les directrices d'école , les enseignantes et les professeurs de « madame » qui se réveille à 8 heures et passe la journée à se laver les pieds (à tourner les pouces).

2.

Ce discours réducteur n'était pas le propre des Africains. L'Européen moyen, considérait le « pays des Noirs » comme une nébuleuse informe. Pour lui, tous les Noirs étaient pareils. Encore aujourd'hui, même dans la presse la plus instruite, le mot « africain » est synonyme de « Noir » comme si l'Afrique n'était habitée que par les Noirs.

1.

Aujourd’hui encore sont taxés de « Flamands » ou de « colons », des individus encore consciencieux et respectueux de leur déontologie, dans une société postcoloniale en pleine décomposition morale.