Une vie publique foisonnante

Une autre caractéristiques intéressante du canton du Châtelard me paraît être le fait que les différentes composantes de la population ont toutes un accès, à des degrés divers, à des espaces de débat dans lesquels peuvent être abordés les questions propres à ce territoire. Nous verrons qu'une vie publique foisonnante se développe. A côté des institutions « classiques », de type conseils municipaux, sont apparus non seulement de nouvelles collectivités locales (Parc, communauté de communes), mais aussi des lieux d'expression au caractère moins institutionnel que l'on peut qualifier d'alternatifs. Le monde associatif prend bien évidemment une part importante dans ce mouvement. Au sein de celui-ci, certaines associations se préoccupent officiellement de développement local. D'autres ont pour but l'amélioration des services, la promotion de la culture ou simplement l'animation. Elles constituent chacune à leur échelle des lieux d'engagement des habitants dans des projets que l'on peut qualifier de politiques, puisqu'il s'agit de se préoccuper du collectif, d'apporter des améliorations à la vie de la « cité ». D'autres espaces de débat ne sont pas sous forme associative. On peut citer le collectif citoyen, qui se veut un groupe informel, mais il ne faut pas négliger l'existence de certains moments, autour d'un spectacle, de la projection d'un film, ou de tel ou tel évènement local qui peut-être revendicatif ou festif, lors desquels, hors de toute organisation, la parole se déploie et la négociation s'engage. Des médias locaux existent aussi. De petites revues paraissent plus ou moins régulièrement et sont distribués soit à l'ensemble des habitants, soit à un réseau. Vivre en Bauges, journal cantonal d'information édité par des bénévoles, l'Echo du Parc, journal du PNR, et l'Echo de nos paroisses, bulletin des catholiques, sont distribués dans toutes les boites aux lettres. Le Marchambiol est la feuille d'information du réseau de l'association Oxalis. Un projet de radio est en cours.

Internet enfin est un espace d'information et de débat en pleine expansion et qu'il convient de ne pas négliger, même s'il touche essentiellement la part la plus jeune ou du moins la plus informatisée de la population. Différentes listes de diffusion existent, liées par exemple aux associations, ou au collectif citoyen. Elles permettent aux uns et aux autres de se tenir au courant des évènements, de débattre, de lancer des appels.

Certains groupes disposent évidemment de moyens plus importants que d'autres pour accéder au débat public. Mais là, encore, si l'on compare avec la situation en ville, on peut émettre l'hypothèse que les habitants ont davantage de possibilités d'accéder directement aux lieux où se joue la négociation politique. Différents espaces de discussion plus ou moins officiels existent, et permettent aux uns et aux autres de dire leur mot sur des questions touchant aux grandes orientations de l'aménagement du territoire, sans pour cela avoir besoin de faire partie de structures lourdes de type partis politiques ou grandes associations.

Je m'attacherai notamment au cours de cette recherche aux différentes formes d'engagement politique, c'est-à-dire de participation à la constitution d'un projet concernant la cité, que l'on peut observer dans les Bauges. Je vais donc m'intéresser à la construction d'une communauté locale non pas en partant de quelque groupe que je supposerais pré-établi, mais plutôt en observant la façon dont se créent des interactions et des relations entre des individus qui interviennent chacun à leur manière dans la « chose publique ».