Avant d'aborder plus avant la question de la méthode, j'ai choisi d'introduire mon expérience de terrain en racontant sur le mode narratif quelques uns des épisodes que j'ai vécus en Bauges. En effet, cette thèse se situe dans la tradition des travaux anthropologiques de terrain, et c'est à mon avis ce qui lui confère une bonne part de son originalité. Car si les études sur les Parcs naturels régionaux ne manquent pas, il me semble qu'il en est peu qui se focalisent sur le point de vue des habitants de ces territoires. J'insiste ici sur le mot « habitants », c'est-à-dire non pas seulement les individus désignés comme des acteurs par ceux qui y mettent en oeuvre divers programmes de développement pour le compte d'institutions locales ou extérieures, mais plus largement tous ceux qui y vivent et tissent des liens à la localité, parfois de façon plus ou moins temporaire 22 . Pour les comprendre, j'ai d'abord voulu partager avec eux une expérience sensible, et éprouver concrètement ce que signifiait vivre en Bauges, s'y déplacer, s'intégrer dans cette société...
Je reviendrai plus loin sur la question du vocabulaire employé, car les mots habitants, acteurs, institutions doivent être manipulés avec précaution.