Territoires d'aujourd'hui

Pourtant, chacun peut constater le paradoxe : alors que le territoire semble voué à disparaître, ses invocations comme l'indispensable lieu d'ancrage d'une communauté se multiplient. Si cela semble procéder pour une part d'une forme de nostalgie, il n'en demeure pas moins que de nouvelles entités territoriales apparaissent sans cesse, qui se proclament fondées sur des données historiques et culturelles. Une certaine effervescence en matière de création territoriale semble avoir saisi notre pays pendant les dernières années du XXème siècle. Les nouveaux dispositifs : pays, Contrats Globaux de Développement ou intercommunalités font recette, et la fédération des PNR enregistre chaque année de nouvelles candidatures. Chaque région rurale semble vouloir son territoire. Celui-ci est d'ailleurs parfois présenté comme un remède à tous les maux du monde rural. Le développement local y apparaît désormais comme le modèle de développement économique par excellence. Celui-ci s'appuie sur l'idée que l'espace géographique n'est pas un support homogène pour les activités économiques. Des données historiques, sociales, culturelles propres à chaque lieu entrent aussi en compte et il s'agit de les utiliser au mieux pour asseoir l'essor économique du pays 93 . On assiste donc à un regain d'intérêt pour les cultures locales, qui a pour conséquence l'essor d'une certaine forme de tourisme. La vague de patrimonialisation qui accompagne ce mouvement témoigne du besoin d'ancrer ces territoires dans la durée et de leur donner une image qui leur soit propre.

Mais ce mouvement au niveau politique et institutionnel est-il le reflet de pratiques concrètes et d'un attachement réel des habitants au territoires ? Je serais tentée de répondre par l'affirmative, même si le territoire de rattachement des groupes sociaux ne correspond pas forcément au territoire institutionnalisé. Il me semble que comme le postule Guy Di Méo, deux formes de territorialité se superposent désormais, l'une nomade, en réseau, et l'autre sédentaire, fondée sur des lieux d'élection 94 . Dans la vallée des Bauges, les néo-ruraux que j'ai évoqués ont beau faire partie de réseaux régionaux, voire nationaux, ils ne s'en investissent pas moins dans d'autres réseaux, typiquement locaux ceux-là, en participant aux manifestations festives baujues, en soutenant les associations, en se rendant aux évènements culturels. Quant aux ruraux « de souche », même si une partie de leur famille habite désormais loin du massif, même s'ils occupent des emplois à l'extérieur et font leurs courses dans les supermarchés de la plaine, ils n'en conservent pas moins l'attachement au lieu parmi leurs références principales.

Cette volonté d'un lien fort au territoire relèverait-t-elle d'une forme de nostalgie pour un monde disparu ? Il est possible de le croire, d'autant que la notion de territoire semble rencontrer un écho tout particulier lorsqu'on la rapproche du monde rural.

Il n'est pas besoin de longues recherches pour se rendre compte que nous fantasmons largement sur la France des campagnes, celle d'autrefois, avec ses villages et ses terroirs bien en ordre autour des clochers, entretenus par une communauté que l'on suppose harmonieuse. La prolifération en ville de magasins vendant des meubles ou des objets d'un style qu'on pourrait qualifier de néo-campagnard en témoigne : on y trouve des articles allant du dessous de plat déjà rouillé au bol en porcelaine au style vieille France, en passant par le paillasson portant l'inscription « maison de campagne ». Cette imagerie a dans notre pays des racines anciennes. Le monde rural est au moins depuis la III ème République l'une des principales mythologies de la nation française. Rappelons qu'à la différence de ses voisins européens, la France demeure encore très largement rurale à l'aube du XXème siècle. L'exode rural, amorcé au XIXème siècle s'y effectue beaucoup plus lentement qu'ailleurs, et ce n'est qu'en 1931 que les villes parviennent à regrouper la moitié de la population française. Le mouvement s'accentue cependant après la seconde guerre mondiale. Mais parmi les générations nées au cours des Trente glorieuses, nombreux sont ceux qui ont encore « les pieds dans la terre », qu'ils aient eux-même grandi à la campagne où qu'ils aient connu celle-ci en séjournant chez leurs grands-parents.

La terre apparaît depuis longtemps comme un refuge face à un monde qui change trop vite. Dès les premières vagues de l'exode rural, le retour à la terre devient l'obsession de ceux, relativement nombreux, que la modernité effraie. Au début du XXème siècle, les agrariens, parmi lesquels on peut citer Taine et Barrès, affirment que la France perd ses valeurs et son âme dans l'industrialisation. Cette idéologie atteint son apogée dans la France de Vichy, lorsque le maréchal Pétain affirme dans son célèbre discours sa volonté de ramener le pays à la terre qui « elle, ne ment pas ». La propagande vichyste appelle les Français à se tourner vers l'ordre éternel des champs et à fuir le cosmopolitisme des villes, supposé responsable du déclin du pays 95 . Le paysan devient un symbole national, célébré de diverses façons, même si dans les faits, le régime de Vichy ne va pas au delà des bonnes paroles. 96 Face à la défaite et dans une France en mal de repères, le monde rural apparaît comme le lieu de la solidarité, de la communauté, et donc comme une ressource pour reconstruire.

On peut retrouver aujourd'hui dans les motivations de ceux qui partent vivre dans le monde rural un désir de fuite vis-à-vis d'une modernité qui leur paraît agressive. Face à l'accélération constante des flux d'informations, de personnes, la campagne apparaît comme le lieu de la permanence, de l'immuable. Alors même que les « non-lieux » envahissent notre quotidien émerge le désir de lieux identitaires, ancrés dans une histoire, et par conséquent de territoires où l'on se sentirait chez soi. Et c'est vers le monde rural que l'on se trouve pour retrouver ces lieux d'autrefois que l'on suppose y avoir perduré : « Dans les représentations du monde rural qui sont les nôtres, en France, le mot « campagne » n'est-il pas associé à un monde passé, à des lieux d'où sont originaires nos grands parents, un monde dont on souhaite la préservation ? »écrivent les auteurs de Campagnes de tous nos désirs 97 , un ouvrage dont le titre interroge l'engouement actuel pour les espaces ruraux. Ces derniers sont le support d'une forme de rêverie qui les rattache à un âge d'or. La sociabilité d'autrefois est largement idéalisée, et l'on prête aux anciennes communautés une forme de solidarité que l'on souhaiterait sans doute voir s'exercer aujourd'hui.

Dans le même ordre d'idées, alors que la préoccupation vis-à-vis de la pollution devient de plus en plus importante, de nombreux citadins cherchent lors de leur loisirs mais aussi dans leur consommation alimentaire à se rapprocher de ce qu'ils appellent la nature, et qui regroupe l'ensemble du monde supposé pur, non souillé par l'homme. Mais la crainte de la pollution peut aussi être lue comme le révélateur d'une forme de rejet du monde urbain. Des études menées sur la consommation de plantes sauvages par les citadins montrent qu'au-delà de la purification de leur corps, clairement revendiquée, les consommateurs cherchent aussi une forme de purification de l'esprit face à un mode de vie jugé malsain 98 . De la même façon, il n'est pas douteux que le monde rural n'est pas seulement perçu comme le lieu de la nature non polluée et donc d'un certain bien-être physique, mais qu'il l'est aussi, par opposition à la ville, comme un lieu où les relations sociales seraient plus saines, plus conformes à ce qu'elles devraient être dans l'idéal.

La recherche d'un lieu d'ancrage, le désir d'habiter un territoire, est donc l'une des motivations les plus importantes parmi les citadins qui viennent s'installer en Bauges. Il me paraît évident que, même s'ils recherchent un lieu « naturel » ou « préservé », notion qui apparaît généralement en premier dans leurs discours, ils sont d'abord et avant tout en quête d'une autre forme de sociabilité fondée sur le lieu. Cette idée est perceptible dans les arguments qu'ils utilisent pour justifier le choix du village où ils se sont installés :

‘ « Et en fait mon mari était éducateur à l’époque, et il est venu faire un camp ici, c’est tout bête, quoi. Et il est revenu en me disant : « ça y est, j’ai trouvé le pays où on va habiter », il a eu le coup de foudre, quoi (...) Et puis c’est pareil, en fait, j’ai trouvé que c’était beau. Que c’était bien. Et que c’était vraiment le type de vie qu’on avait envie de… Tu vois, dans un petit village tranquille. Puis en même temps, comme il y avait quand même la station, il y avait quand même un peu d’animation, de perspectives de travail.. » ’ ‘ « Arith, c'est un choix qu'on a fait par rapport au paysage. C'est pas un endroit coincé, où on voyait rien. Et puis c'est un village qui est sympa, dynamique, plaisant. C'est pas comme au Villaret [ lieu de la première installation du couple dans une maison familiale ] où les gens sont assez renfermés et où c'est un peu : « Ah les Parisiens ». (...) La vie sociale, ici, par rapport à Paris, c'est le jour et la nuit. »’

Dès lors, il est possible de se demander dans quelle mesure les qualités prêtées aux espaces ruraux ne relèveraient pas finalement du fantasme et si les migrants qui fuient la ville n'y retrouveraient pas - quoique dans un cadre plus « naturel » - ce qu'ils y ont laissé. Les relations sociales, marquées par la mobilité, peuvent-elles vraiment y être différentes de celles que l'on peut vivre en situation urbanisée ?

Pourtant, il me semble que la façon dont on vit dans un espace comme celui du canton du Châtelard diffère assez sensiblement de celle dont on peut vivre l'espace urbain ou périurbain, où le quartier, le village, est souvent uniquement le lieu de la résidence qui ne correspond pas à une forme de sociabilité. Au contraire, en Bauges, l'interconnaissance est forte. S'il est probable que certains habitants travaillent en ville et s'enferment le soir venu dans leur habitation sans investissement aucun sur le territoire, les Bauges sont loin de constituer une « banlieue-dortoir ».

Comme je l'ai déjà mentionné, la population de cette circonscription s'élève aujourd'hui à 4000 habitants environs. Chaque groupe de population y construit des réseaux qui s'étendent sur l'ensemble du canton. On peut citer les agriculteurs qui ont appris à se connaître au sein des Jeunesses Agricoles Chrétiennes, des Groupements de Vulgarisation Agricole, puis d'autres organisations plus récentes comme l'Association des Agriculteurs du Parc, ou le Syndicat Interprofessionnel de la Tome des Bauges, mais aussi les néo-ruraux de la vague soixante-huitarde qui ont lancé tout un mouvement associatif avec en particulier les Amis des Bauges, les jeunes du pays qui se connaissent depuis le collège, ou encore les migrants arrivés plus récemment proches de la mouvance bio-altermondialiste, elle aussi unie par divers mouvements associatifs, etc. Chacun peut facilement être situé par rapport à ces réseaux. Il est fréquent que l'on vous demande « Tu connais Untel, de la Compôte ? » Et il n'est pas rare que vous sachiez peu ou prou qui est Untel. Si vous devez cependant avouer votre ignorance, on vous le situera : « Un ami de X, il travaille à la boulangerie. » Il est bien entendu que lorsque quelqu'un évoque la boulangerie en parlant des Bauges-devant, il s'agit de la boulangerie biologique d'Ecole, créée dans les années 1970 par un néo-rural et qui est aujourd'hui une des plus grosses entreprises du massif. Ce type de dialogue induit que vous partagiez avec la plupart des autres habitants un certain nombre de points de repère. Vous connaissez au moins de réputation des personnages remarquables dans chaque village – maire, agriculteur, chef d'entreprise, responsable d'association, artiste, etc. -, mais aussi des hauts lieux – la pizzeria-bar-boite de nuit « La Grolle », à Lescheraines, le restaurant-cantine « Chez Evelyne », au Châtelard, la boulangerie bio d'Ecole, la fruitière d'Aillon, l'épicerie-bar-tabac « La halte des Bauges », à Bellecombe, etc. - et vous êtes capables de replacer chacun dans son réseau, mais aussi peut-être dans ses lieux. Tel jeune « de souche » fréquente sans doute la Grolle, tel soixante-huitard est sans doute lié aux Amis des Bauges, tel jeune proche de la mouvance altermondialiste est adhérent d'Oxalis, dont le siège est à Bellecombe... C'est-à-dire qu'il y a effectivement une forme d'adéquation entre le groupe de personnes qu'un habitant des Bauges est susceptible de connaître et un territoire, conçu comme un ensemble de lieux connus et reconnus.

Par ailleurs, si l'interconnaissance se fonde d'abord sur une identité partagée - agriculteurs, néo-ruraux, écologistes...- , elle dépasse cependant les frontières de ces groupes. Il existe des « lieux communs » qui se caractérisent par la grande diversité d'âge, de culture et d'origine sociale de ceux qui les fréquentent. Je pense par exemple à la chorale que je fréquentais, aux séances du ciné-bus, aux foires, à certains évènements artistiques ou festifs. L'existence de ces lieux démontre que le territoire d'aujourd'hui possède bel et bien une capacité à transcender les divers réseaux. L'utilisation, que j'ai déjà signalée, du toponyme « les Bauges » pour désigner l'ensemble des habitants (« Toutes les Bauges en parlent ») en témoigne. Notons que celui-ci est moins restrictif que « les Baujus » qui renvoie habituellement aux habitants de souche.

Nous pouvons remarquer que le lien au territoire est revendiqué et mis en scène au travers de divers actes hautement symboliques. Faire tout ou une partie de ses courses dans les Bauges est une pratique citée par nombre de néo-ruraux comme un exemple de leurs efforts pour faire vivre l'économie locale et pour s'intégrer.

‘ « En fait toute notre viande on l’achète localement, tout notre fromage, notre pain, l’épicerie, ben on achète en bio donc c’est vrai qu’on n’achète pas sur place, et les fruits et légumes, on les achète à un agriculteur bio d’Aix les Bains. Et à un moment donné, tout ce qui était épicerie tout ça, on achetait à Unico [supérette du Châtelard]. On achète encore beaucoup à Unico, d’ailleurs. Le vin, on l’achète à Cruet, enfin voilà. Pour nous, c’était important d’être en cohérence, quand tu vis dans un pays, de pas aller faire tes courses à Carrefour, quoi. Voilà, ça c’est important pour nous. Pareil avec la Halte des Bauges [l'épicerie-bar de Bellecombe] »’ ‘ (Pascale) ’ ‘ « Je disais que pour s'intégrer dans la population, j'avais fait travailler les gens du pays. Et je continue toujours. Je vais acheter chez Paul Vergain mon fil de fer, je vais pas à Casto, tu vois. Je veux dire qu'il faut jouer le jeu. Bon, il y a des choses qu'on acquiert à l'extérieur, mais il y a des choses qui se font chaque fois que c'est possible en Bauges. » ’ ‘(Pascal)’

L'expérience montre cependant qu'à de rares exceptions près, la plupart des habitants qu'ils soient migrants ou Baujus de souche effectuent la plus grande partie de leurs achats dans les supermarchés de la plaine. Cependant, les achats effectués au pays n'en conservent pas moins une grande importance à leurs yeux. La participation à certains évènements est aussi un gage d'attachement avec notamment la présence aux foires de village et au repas qui les suit souvent. On peut aussi mentionner le coup de main donné au comité des fêtes dans l'organisation de ces évènements. Chez les néo-ruraux les plus récemment arrivés, ces pratiques sont marquées par un désir de reconnaissance de la part du reste de la population. Il s'agit de montrer son désir d'intégration.

Enfin, l'inscription dans le temps est aussi une caractéristiques importante du lien au territoire. Ceux qui font partie d’anciennes familles baujues n’ont de ce point de vue que peu d’efforts à faire pour se dire d’ici. La mémoire généalogique demeure encore très vive. Chacun est situé dans sa famille et dans l’espace (« C’est le deuxième fils de X, de Bellecombe, tu sais, qui a épousé Y, de la Motte. Oui, c’est donc le neveu de Z. Son frère travaille à la scierie »). Les Baujus « de souche » se reconnaissent ainsi parce qu’ils sont capables de se situer les uns les autres de façon très précise dans une généalogie, et de lier celle-ci à la possession du foncier (« Ah oui, les X ! ceux qui ont la montagne de Y ! »). Lors de discussions sur les événements du pays, ils reconstituent ainsi les filiations. C’est particulièrement vrai lors des décès où l’on passe en revue toute la parentèle du défunt.

Les néo-ruraux ne sont pas nés sur le territoire, et à la différence de ceux qui sont issus des familles paysannes, leur généalogie ne les ancre pas dans celui-ci depuis des temps immémoriaux. Pourtant, le lien au temps, à la durée n'est pas absent de leur rapport aux lieux. Il est assez étonnant de constater l'intérêt que presque tous attachent au passé du pays avec lequel ils semblent vouloir recréer des liens. Pour reprendre mes exemples précédemment cités, le cinéaste réalise des documentaires sur d'anciennes pratiques, comme l'argenterie des Bauges ou l'alambic, le consultant pratique le tournage de l'argenterie des Bauges à ses heures perdues, le dirigeant de la PME est responsable de la commission patrimoine du Parc. J'ai par ailleurs été frappée par le fait que quasiment tous les néo-ruraux qui achetaient une maison ancienne s'intéressaient au passé de celle-ci, interrogeant les voisins âgés, voire faisant des recherches en archives. Les érudits locaux sont pour la plupart d'entre eux des néo-ruraux retraités. Les quatre guides-patrimoines embauchés par la FACIM 99 pour faire visiter le village de la Compôte sont des néo-ruraux. Les premières recherches historiques visant à valoriser le patrimoine ont été lancées au début des années 1980 par les Amis des Bauges, association majoritairement composée de néo-ruraux. Tout se passe comme si, dépourvus de l'enracinement généalogique involontaire et parfois pesant au territoire, les nouveaux arrivants cherchaient, par leur intérêt vis-à-vis du passé, à s'enraciner volontairement.

Le lien au territoire est donc réaffirmé par des individus dont la vie se caractérise d'abord par une certaine mobilité. D'une certaine façon, comme l'exprime Michel Marié, aujourd'hui, ce n'est plus le nomadisme qui est une exception, mais la sédentarité qui apparaît sur fond de déplacement. Et par conséquent, « le déplacement devient la condition première de toute expérience de sédentarisation » 100 C'est-à-dire que l'ancrage territorial tient une place différente dans la mesure où il est choisi, et qu'il n'est en définitive qu'un aspect parmi d'autres de la sociabilité de l'individu. Il pourra donc, un jour ou l'autre, être remis en question. Parmi les néo-ruraux, certains repartiront. C'est par exemple le cas de Blandine, mère célibataire qui a décidé de retourner dans les Vosges, sa région d'origine avec ses trois enfants ou de Paul, néo-rural « historique », arrivé parmi les premiers, qui a fini par quitter le massif. Quant aux jeunes «  de souche » qui ont choisi de rester, rien ne les empêche de changer d'avis un jour ou l'autre. Le départ peut être dû à un changement professionnel, à une séparation, mais aussi, plus simplement, à un désir de recommencer autre chose, ailleurs.

Tous ces éléments nous montrent que si les notions de territoire et de territorialité demeurent des références pertinentes pour traiter du rapport à l'espace, elles ne peuvent plus être considérées comme le mode de socialisation et de spatialisation par excellence. L'expérience territoriale est un élément parmi d'autres de la de la façon d'être au monde de chaque individu.

Notes
93.

Voir à ce sujet GERBAUX, Françoise, 1999, (sous la direction de), Utopie pour le territoire, cohérence ou complexité ?, La Tour d'Aigues, l’Aube.

94.

DI MEO, Guy, 1996, « production des identités et attachement au lieu », in LAMY, Yvon (sous la direction de), L’alchimie du patrimoine, Discours et politiques, Talence, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, pp. 247-276, p 247.

95.

Voir FAURE, Christian, 1989, Le projet culturel de Vichy, Presses universitaires de Lyon, éditions du CNRS.

96.

Voir DUBY, Georges, et WALLON, Armand (dir),1976, Histoire de la France rurale, tome 4, p 569.

97.

BERARD, Laurence, MARCHENAY, Philippe, MICOUD André, et RAUTENBERG, Michel (sous la direction de), 2000, Campagnes de tous nos désirs, Paris, Ministère de la culture et de la communication, Mission du Patrimoine Ethnologique, Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, introduction : « patrimoine rural et campagne : acteurs et questions d'échelles », p 1.

98.

GARETTA, Raphaëlle, 1998, « ces plantes qui purifient » de l'herboristerie à l'aromathérapie », Terrain n° 31, septembre 1998, pp. 77-88.

99.

Fondation pour l'Action Culturelle Internationale en Montagne, fondation à vocation culturelle créée au moment des Jeux Olympiques de 1992 en Savoie et financée notamment par le Conseil Général de la Savoie, le ministère de la culture et la région Rhône-Alpes.

100.

MARIE, M., « L'anthropologue et ses territoires », p 93.