Un territoire surinvesti

Le Parc est sans conteste l’organisme qui contribue le plus à la médiatisation du territoire, qui dispose des moyens les plus importants pour le faire connaître à l’échelon national. Or, malgré des efforts notables, il ne parvient pas à s’affranchir d’une sur-représentation du canton du Châtelard auquel, qu’il le veuille ou non, continue de renvoyer son nom. Comme je l'ai mentionné plus haut, le territoire du Parc naturel régional s'étend bien au-delà de ce qui, traditionnellement est appelé Bauges. Le cas est loin d'être unique. En Vercors, les habitants du canton de la Chapelle persistent à rappeler qu'historiquement, leurs cinq communes constituent le vrai Vercors. En Chartreuse, ce sont les habitants d'une commune, celle de Saint-Pierre-de-Chartreuse, qui revendiquent l'appellation.

L'iconographie de l'Echo, le journal du Parc, ou des différentes brochures éditées par ce dernier, nous renvoie très majoritairement à ce territoire : maisons baujues aux belles portes de granges, grangettes, paysages d'alpages... Pour le moment, les réalisations emblématiques du Parc y sont pratiquement toutes situées. La maison du Parc, après une petite hésitation entre le Châtelard et Lescheraines, les deux communes rivales, s'est finalement fixée au Châtelard, capitale historique du canton. Il n'a jamais été question qu'elle soit construite hors du « cœur du massif ». Mais on peut aussi citer l'autre « maison » réalisée à ce jour : la « maison faune-flore », à Ecole. La « maison du patrimoine », dans la chartreuse d’Aillon, doit ouvrir prochainement. La quatrième maison prévue, à Gruffy, sera donc la première hors de la vallée centrale. Les productions emblématiques renvoient elles aussi de façon plus ou moins explicite à cette même zone comme c’est le cas de la tome, ou de la production d’argenterie des Bauges, sur laquelle le Parc a co-édité un livret.

Le Parc s’efforce en permanence de lier l’ensemble de son territoire à ce centre symboliquement fort. Parmi les études en sciences sociales commandées par le Parc, celles qui ne portent pas sur un élément du « cœur du massif » (étude sur le glacières de Marégriaz en 1997, sur l'atelier de mécanique de la Compôte en 1996) évoquent les liens entre ce cœur et la périphérie (étude sur les migrations viticoles en 1999, étude sur la mobilité entre cœur et périphérie du massif que j'ai réalisée en 2000). Dans le cas de mon étude de DEA, les préoccupations concernant la légitimité du territoire et la nécessité de lier le cœur et la périphérie dans un destin commun me furent clairement exposées par la chargée de mission patrimoine.