Chapitre 1 : Inégalités et mobilités : le cadre d’analyse

La thématique des inégalités suscite un attrait scientifique inépuisable et interroge, à des titres divers, la plupart des sciences humaines et sociales. Chaque discipline a cependant ses propres approches. En dépit de ce relatif cloisonnement disciplinaire, nous avons souhaité adopter une démarche transversale pour préciser le champ de notre recherche. Ce choix permet de croiser des apports assez différents afin de proposer des réponses aux questions complexes que soulève la problématique des inégalités : définition, conceptualisation, formation, reproduction, évolution, correction… Ces éclairages multiples tracent également des pistes de réflexion pertinentes pour mieux prendre en compte l’objectif d’équité sociale dans la définition des politiques publiques. Loin de prétendre à l’exhaustivité, ce premier chapitre procède donc d’une démarche synthétique visant à articuler des contributions qui nous ont paru éclairantes sur le sujet. Il permet ainsi de mieux cerner le contexte théorique et socio-économique dans lequel s’inscrit l’analyse des inégalités de mobilité.

Ce travail de recomposition et de mise en perspective suivra trois grandes directions. La première rend compte du socle théorique de la réflexion (1.). Nous présentons alors différentes approches qui permettent de penser les inégalités dans la société. Puis nous exposons les contributions issues de la philosophie morale et de l’économie politique qui mettent l’accent sur la dimension éthique du problème. La seconde explicite le contexte factuel de la recherche (2.). Les constats statistiques issus d’études empiriques permettront de tracer les évolutions les plus récentes en matière d’inégalités de niveau de vie, d’accès à l’éducation et de maîtrise de l’espace, sans négliger la dimension sexuée des inégalités. Enfin, dans une troisième partie nous rappellerons les transformations qui caractérisent les mobilités quotidiennes ou moins habituelles, en lien avec les modes de vie. Ces évolutions laissent émerger de nouvelles normes de mobilité diversement partagées et donc porteuses d’enjeux sociaux (3.).