1.1.1.2. Approches contemporaines

De ces différentes approches, on retiendra le rôle central de la société dans la définition des inégalités ainsi que leur caractère dynamique et irréductible (Encadré 1). Les inégalités sociales n’ont pas d’existence « en soi », elles résultent clairement d’une construction collective. « Comme tout autre objet sociologique, les « inégalités sociales » n’existent pas comme telles dans une quelconque objectivité sociale irréductible, dont la science sociale n’aurait à faire qu’un constat positif et neutre » [Schultheis, 2000, p. 7]. Il semble que ce soit par la comparaison à une norme sociale que naissent les inégalités. Toute la difficulté réside dans le fait que la norme sociale permettant l’évaluation collective n’est pas précisée : elle peut varier d’un pays à un autre, d’une période à une autre mais aussi d’un individu à un autre dans une même société à un même moment.

Encadré 1 : Quelques définitions contemporaines de la notion d’inégalité sociale

La pluralité des éléments qui tissent la différenciation sociale (biens économiques, prestige, pouvoir politique…) semble également consensuellement admise. Cependant la sélection des critères de différenciation, qui reflète fortement la sensibilité sociale et culturelle à l’égard de certaines valeurs, peut être discutée. Ainsi le « modèle de la distinction » [Bourdieu, 1979] qui oppose la légitimité culturelle des classes dominantes à l’indignité culturelle telle qu’elle peut être vécue par les exclus de la culture savante, peut apparaître aujourd’hui désuet face à la diversification et la complexification des pratiques culturelles contemporaines [Coulangeon, 2004].

Il reste que selon nous, l’enrichissement de la notion d’inégalité ne doit pas occulter la prédominance des facteurs économiques dans la mesure où ceux-ci, en définissant un pouvoir d’achat, déterminent les conditions matérielles d’existence et l’étendue des modes de vie possibles.