2.1.3.1. Des inégalités de patrimoine en légère diminution

Depuis le début des années quatre-vingt, le patrimoine des ménages progresse à un rythme plus soutenu que les revenus d’activités, respectivement : +3 % par an et +1 % par an, d’où un accroissement des revenus du patrimoine jusqu’en 1993 qui diminuent ensuite du fait de la baisse des taux de rendement 3 [Hourriez et Roux, 2001]. En 2000, le patrimoine médian s’élevait à 67 000 € [Rougerie, 2002]. L’augmentation du patrimoine des ménages, qui a été multiplié par 2,7 entre 1985 et 2000 (contre 1,9 pour le revenu disponible) [CERC, 2002], tient au contexte socio-économique peu sûr des dernières décennies, marquées par un chômage de masse exerçant des pressions à la hausse sur l’épargne de précaution. Elle s’explique également par un développement de l’offre de produits financiers sur la période [Atkinson et al., 2001].

Même si les chiffres sont relativement fragiles, il est incontestable que le patrimoine est nettement plus concentré au sein de la population que les revenus d’activités. Cette situation est liée aux mécanismes de transmission par héritage ou donation et au processus auto-cumulatif suivi par une partie du patrimoine, générant des revenus réguliers à ses détenteurs. En 1998, l’indice de Gini de la concentration du patrimoine varie entre 0,6 et 0,7 (contre 0,3 pour les revenus d’activités). Les 10 % des ménages les plus riches possèdent 40 % du patrimoine total tandis que les 50 % les plus pauvres n’en possèdent que 10 %. Néanmoins, en bas de la distribution des revenus, on observe que les individus perçoivent proportionnellement plus de revenu du patrimoine que la moyenne de la population. Cela s’explique par une sur-représentation des anciens indépendants à la retraite, pauvres en revenus et riches en patrimoine.

Bien que le rapport interdécile, de l’ordre de 75, s’apparente à un gouffre [Hourriez et Roux, 2001], il semblerait que les inégalités de patrimoine tendraient plutôt à se réduire depuis 1992, grâce à la progression des petits patrimoines : les individus ayant profité pleinement de la croissance des « Trente glorieuses », remplaçant progressivement les générations plus anciennes parmi lesquelles les inégalités de patrimoine étaient importantes 1 . Ainsi « la diminution de la dispersion du patrimoine total constatée pour l’ensemble de la population résulte essentiellement du remplacement des générations les plus âgées par des générations moins inégalitaires » [Rougerie, 2002, p. 415].

Notes
3.

Les taux des marchés monétaires et obligataires sont passés de plus de 10 % an début des années quatre-vingt-dix à 3 % fin 1999.

1.

Un suivi longitudinal du patrimoine par cohorte, effectué à partir des enquêtes « Patrimoine », montre que les très fortes dispersions de patrimoine se sont réduites chez les plus de 70 ans entre 1986 et 1998. De plus, les générations nées avant 1950 disposaient toutes d’un patrimoine supérieur à celui de la génération précédente, or à partir de cette date il lui est au mieux identique.