2.2.1. Des inégalités liées au genre

La situation des femmes apparaît systématiquement en retrait par rapport à celle des hommes, et ce même à statut et revenu équivalent. Quelques faits précis permettent d’étayer cette situation.

2.2.1.1. Des difficultés économiques accentuées chez les femmes

Depuis les années soixante la place des femmes sur le marché du travail a connu des avancées certaines. En 2004, leur taux d’activité entre 25 et 49 ans atteint 81 % contre 94 % chez les hommes. Toutefois, la féminisation du marché du travail s’est faite sous le sceau de l’inégalité et de la précarité [Maruani, 1998 ; Milewski et al., 2005 ; Silvera, 1999]. L’emploi féminin est nettement moins diversifié et moins qualifié que l’emploi masculin. La majorité des femmes appartiennent au tertiaire d’exécution (caissières, vendeuses, femmes de ménage…), elles occupent des postes de moindre responsabilité et de moindre salaire. En outre, les femmes ont été les plus touchées par le ralentissement de la croissance dans les années quatre-vingt-dix. Plus vulnérables sur le marché du travail, elles ont subi de plein fouet la précarisation de l’emploi et la montée du chômage. A l’exception de l’intérim qui reste masculin, le développement des formes particulières d’emploi (CDD, temps partiel) les touche tout particulièrement. Plus de huit emplois à temps partiel sur dix sont occupés par des femmes en 2004. Les femmes sont ainsi exposées à plus de discontinuité et plus d’instabilité que les hommes dans leur parcours professionnel.

En matière de salaires les inégalités demeurent très fortes. En 2003, parmi les salariés à temps complet du privé et du public, les femmes gagnent en moyenne 20 % de moins que les hommes 2 . L’écart salarial entre hommes et femmes est nettement plus prononcé dans le haut de la distribution des revenus que dans le bas. C’est ainsi parmi les cadres que l’écart est le plus élevé (23 %) tandis que chez les employés, les niveaux de salaires se rapprochent sensiblement (7 %), les ouvriers et les professions intermédiaires se trouvant dans une situation plus proche de la moyenne (17 % et 13 %, respectivement). Près de la moitié de cet écart salarial entre hommes et femmes demeure inexpliqué par les différences de formation, de poste, de temps de travail ou encore de rendement, et peut ainsi s’interpréter en termes de discrimination salariale [Meurs et Ponthiers, 2000]. Les avancées sociales en matière de formation et d’accès au marché du travail des femmes, cohabitent donc avec la persistance d’importantes inégalités de genre.

Les inégalités se maintiennent également dans la sphère familiale. Malgré leur plus grand investissement dans le monde professionnel, hommes et femmes sont toujours très inégaux face aux tâches domestiques. Les enquêtes emploi du temps de l’Insee montrent que les femmes continuent de prendre en charge 80 % des tâches domestiques (courses, cuisine, ménage…). Le déséquilibre hommes-femmes s’accroît avec l’arrivée des enfants car les femmes consacrent également deux fois plus de temps à leurs enfants que les hommes [Dumontier et Pan Ké Shon, 1999]. Ainsi la féminisation de la population active, sans remettre en cause la division sexuée des rôles, est à l’origine d’une double journée de travail pour les femmes. Cette inégalité face à l’allocation du temps contribue à brider les possibilités d’égalité professionnelle des femmes.

Notes
2.

Temps partiel inclus, ce différentiel s’élève à 27 % [Meurs et Ponthiers, 2000].