2.2.2.2. … qui reproduisent et renforcent les inégalités de revenu

A niveau de revenu donné, distinguer les individus selon leur niveau d’études permet de saisir la dimension culturelle et symbolique de leurs comportements. Le niveau d’études de la personne permet de révéler des systèmes de préférences relativement distincts selon le milieu socio-économique d’appartenance. Il est souvent la meilleure approximation du capital culturel, dont on dispose à partir des données d’enquêtes classiques. Le modèle théorique de Bourdieu [1979] explique par le concept d’habitus les goûts et les styles de vie distincts qui placent systématiquement les catégories populaires à l’écart d’une norme culturelle imposée par le goût de la classe dominante [Coulangeon, 2004]. Bourdieu admet ainsi l’existence d’une hiérarchie des préférences culturelles, si bien que si l’on se réfère à ce cadre d’analyse, on peut admettre que les inégalités de niveau d’études, au-delà des inégalités économiques qu’elles tendent à reproduire, génèrent des inégalités qui leur sont propre 1 . Bien qu’elle reste une clé de lecture intéressante, cette approche mérite d’être nuancée face à la complexification des pratiques culturelles actuelles et face à l’avènement d’une société fondée par la pluralité des appartenances.

Notes
1.

Le modèle de la distinction oppose ainsi la légitimité culturelle des classes dominantes à l’indignité culturelle telle qu’elle peut être vécue par les exclus de la culture savante. Voir Coulangeon [2004] pour une discussion détaillée de la pertinence actuelle du modèle de la distinction.