3.1.1. Poids et dynamique des différents segments de la mobilité

Le seuil kilométrique de 100 km autour du domicile marque la distinction entre mobilité locale et non locale. L’unité temporelle d’observation de la mobilité locale est la journée. Compte tenu de son caractère plus épisodique, la mobilité non locale, autrement appelée mobilité de longue distance, fait l’objet d’un volet à part dans les Enquêtes Nationales Transport (ENT). Grâce à la saisie rétrospective des déplacements non locaux, effectués au cours des trois mois précédant l’enquête, une mobilité de longue distance peut être reconstituée sur l’année. Enfin, l’attention est également portée sur l’évolution de la mobilité urbaine qui correspond aux déplacements effectués à l’intérieur d’un périmètre commun, celui de l’agglomération, un jour ordinaire de semaine. Elle ne constitue à ce titre qu’une composante de la mobilité quotidienne locale.

En 1994, près des trois quarts des déplacements s’effectuent durant la semaine, dans un périmètre de 100 km autour du domicile. La mobilité à longue distance, plus occasionnelle, représente seulement 1 % des déplacements. Les distances se répartissent de manière plus équilibrée entre mobilité locale et non locale respectivement 60 % et 40 % des kilomètres parcourus (Tableau 4).

Tableau 4 : Poids des différents segments de la mobilité et évolution des niveaux entre 1982 et 1994
  Parts (%) en 1994 Evolution entre 1982 et 1994
  Du nombre de déplacements Des distances Du nombre de déplacements Des distances
Mobilité locale de semaine 72 43 +11 % +33 %
Mobilité locale de fin de semaine 27 17 +13 % +34 %
Mobilité à longue distance 1 40 +67 % +107 %
Ensemble 100 100 +12 % +54 %

Source :Orfeuil et Soleyret [2002], d’après Madre et Maffre 1997
Calculs réalisés à partir de l’ENT 1981-1982 et 1993-1994

Au cours des 12 années séparant les deux dernières enquêtes transport 1 , l’évolution des niveaux de mobilité, un jour classique de semaine, s’est traduite par une croissance modérée du nombre de déplacements, tandis que les distances et les vitesses ont enregistré une augmentation de l’ordre d’un tiers. Ces évolutions ont été relativement conformes à celles observées durant le week-end (Tableau 4). Sur la période, l’accroissement de la mobilité strictement urbaine a été moins fort. Cela résulte du processus d’étalement urbain qui modifie l’orientation géographique des déplacements, aujourd’hui plus diffus dans l’espace. La mobilité de longue distance apparaît incontestablement comme le segment le plus dynamique de la mobilité globale. L’augmentation très significative des niveaux de mobilité non locaux peut être rapprochée de l’amélioration du niveau de vie, du développement des infrastructures de transport et de la baisse du coût d’usage de l’automobile. Au nombre des facteurs explicatifs s’ajoute également une orientation des modes de vie accordant une place significative aux loisirs et au tourisme.

Au total, la mobilité globale des français s’est donc accrue, tout particulièrement en termes de distances parcourues. L’hypothèse de cumul des mobilités se vérifie de manière plus nette en 1994 qu’en 1982, cependant les liens ne sont pas tout à fait linéaires : ainsi les individus très peu mobiles localement voyagent peu, les fortement mobiles au plan local voyagent moyennement, tandis que ceux que l’on peut qualifier d’assez mobiles localement voyagent beaucoup [Maffre et Volatier, 1998].

Notes
1.

Voir Madre et Maffre [1997], Maffre et Volatier [1998], ainsi que Orfeuil [1999] pour un panorama détaillé de l’évolution des mobilités entre 1982 et 1994.