3.1.3. Expansion des pratiques à longue distance

La très forte croissance des niveaux de mobilité à longue distance observée en 12 ans résulte principalement de l’augmentation des voyages personnels. En effet, alors que le nombre total de voyages annuels à plus de 100 km du domicile est passé de 3,7 à 5,7, les seuls voyages personnels se sont accrus de 3,1 à 4,8. Dans le même temps la distance moyenne par voyage est passée de 800 km à 860 km [Gouider, 1998]. Plus nombreux, les séjours de loisirs et de tourisme sont également plus fractionnés au cours de l’année et les destinations plus diversifiées (séjour à la mer et à la campagne, circuits, tourisme urbain).

L’attractivité du mode automobile ne s’est pas démentie entre 1982 et 1994, à cette date plus de 78 % des voyages sont effectués en voiture particulière. Malgré le développement des TGV, la part du train diminue (de 12 % à 10 % et de 18 % à 16 % respectivement pour les voyages personnels et professionnels) et celle de l’avion augmente passant de 2 % à 4 % pour les voyages personnels et de 10 % à 11 % pour les voyages professionnels. Les voyages de 4 nuits et plus, principalement dévolus aux vacances et aux loisirs se sont accrus de même que les voyages effectués dans la journée.

Les enquêtes Suivi de la Demande Touristique 1 (SDT) de la direction du Tourisme, réalisées chaque année sur un champ d’observation circonscrit aux déplacements touristiques, permettent de préciser les tendances les plus actuelles. Au total, entre 1997 et 2002, le nombre de voyages et les distances parcourues ont progressé de +8 %, soit un rythme de croissance annuel moyen de 1,55 %. Après un léger fléchissement lié aux contextes économique et géopolitique défavorables ainsi qu’à la hausse des prix des transports, les voyages et les distances ont enregistré une très forte croissance entre 2003 et 2004, respectivement +9 % et +10 %.

La forte augmentation des voyages à longue distance provient de la diffusion des pratiques touristiques au sein de populations autrefois peu habituées à voyager comme les ruraux, les agriculteurs et les retraités. Si on se limite aux vacances, le taux de départ est passé de 49 % en 1974 à 62 % en 1999, mais depuis 10 ans, il est en stagnation [Rouquette, 2001 ; Rouquette et Taché, 2002]. Cependant, contrairement aux pratiques de mobilité locale, les écarts de niveaux de mobilité à longue distance demeurent prononcés selon la CSP de la personne de référence du ménage, selon le revenu et l’âge. De même, bien que les différences liées au lieu d’habitation se soient atténuées, elles sont encore très significatives : « en 1982, un Parisien faisait en moyenne trois fois plus de voyages qu’une personne résidant en zone rurale. En 1994, l’écart est inférieur à deux » [Gouider, 1998, p. 3]. Les disparités observées selon le niveau de revenu vont même en s’accentuant [Orfeuil et Soleyret, 2002].

Notes
1.

Les enquêtes SDT sont des enquêtes de panel effectuées sur une population âgée de 15 ans et plus. Elles recensent les déplacements d’au moins une nuit passée en dehors du domicile (sans condition de distance) et les allers-retours dans la journée à plus de 100 km du domicile (depuis 2005). Sont exclus du champ de l’enquête les voyages professionnels des VRP et des personnels roulants ou navigants, les séjours à l’hôpital, en clinique ou en caserne et les nuits passées sur le lieu de travail ou d’étude. Il s’agit donc d’un champ d’analyse différent de celui retenu dans les enquêtes transports.