3.1.4. Accroissement de la motorisation et évolution des dépenses d’usage

L’évolution des pratiques de mobilité est caractérisée par un accroissement significatif des potentiels de vitesse lié à la démocratisation de l’automobile. Entre 1960 et 2004, le taux de croissance annuel des achats de véhicules neufs a été supérieur à la croissance du pouvoir d’achat du revenu disponible des ménages, respectivement 4,8 % et 3,1 % [Arthaut, 2005]. En 20 ans la part des ménages non-motorisés s’est ainsi réduite de 30 % à 20 % tandis que la proportion de ménages multi-équipés est passée de 19 % à 28 % (Graphique 3).

Au cours de la dernière décennie, la part des ménages non motorisés, principalement constitués d’individus âgés et non titulaires du permis de conduire, s’est stabilisée autour du seuil de 20 %. A titre comparatif, on notera qu’en 2001 ce taux était inférieur à 8 % aux Etats-Unis alors qu’il s’élevait à 27 % au Royaume Uni (British Household Panel Survey) et à 20 % en Allemagne (German Mobility Panel) [Dargay et al. 2003]. Ce sont donc les ménages déjà équipés en automobile qui ont le plus participé à l’accroissement du parc. Cette tendance à l’individualisation du bien automobile semble dorénavant bien avancée. Elle se reflète par une accentuation de la dépendance automobile 1 dans les pratiques quotidiennes : « ceux qui ne sont pas motorisés dépendent des automobilistes qui orientent les nouvelles localisations, distordant l’espace de telle sorte que l’automobile devienne indispensable » [Dupuy, 1999, p. 9].

Graphique 3 : Evolution de la motorisation des ménages

Source : SOFRES, calculs INRETS-ADEME, INSEE et SESP

Depuis une quinzaine d’années, le coefficient budgétaire des dépenses que les ménages consacrent aux transports s’est maintenu autour de 15 % 1 , contre 11 % en 1960 [Arthaut, 2005]. Les dépenses liées à l’automobile (achat et utilisation) représentent 83 % de ce budget, soit 4270 € par an en 2004. Les transports sont aujourd’hui le poste de dépenses le plus élevé après le logement. Sur le long terme, la baisse du prix des carburants, la diésélisation du parc ainsi que les progrès réalisés par les constructeurs en matière de consommation ont permis de réduire les frais de carburants autour de 20 % du budget automobile, dans les années quatre-vingt-dix [Baron, 2002]. Néanmoins, au cours des 15 dernières années, le renchérissement du coût des carburants a significativement augmenté les dépenses consacrées à ce poste. En 2004, celles-ci s’élèvent à près de 27 % des dépenses totales liées à l’automobile.

Notes
1.

La dépendance automobile est définie par Dupuy [1999] comme « un effet négatif d’origine interne au système automobile et résultant du processus de bonus et de « cercle magique » précédemment évoqués. Elle affecte ceux qui ne peuvent entrer dans le système automobile ou ceux qui seraient obligés d’en sortir. Les uns subissent les conséquences du monopole radical, les autres perdraient le bonus que leur procure la participation au club. Dans les deux cas on peut parler de préjudice. Réel ou potentiel, le préjudice croît en même temps que le système se développe » [Dupuy, 1999, p. 15].

1.

Ce coefficient varie de 6 à 8 % pour la population non motorisée et de 15 à 20 % pour la population motorisée [Massot et al., 2000].