3.3.2. Le « choix » de localisation résidentielle

Aujourd’hui une part non négligeable de ménages appartenant aux catégories moyennes et modestes est amenée à s’installer en dehors de la ville-centre pour trouver des conditions de logement décentes à un prix compatible avec leur budget serré, si bien que « la proximité, la contiguïté des espaces de vie et de relations apparaissent d’une certaine façon comme un luxe, plus accessible aux plus aisés » [Berger, 2004, p. 16].

L’éloignement résidentiel est parfois accentué par les dispositifs visant à faciliter l’accession à la propriété [Polacchini et Orfeuil, 1999 ; Séchet et Quintin, 2001]. Plusieurs travaux montrent que les incidences directes de cette stratégie résidentielle sur les coûts de transport semblent mal maîtrisées par les individus. En Ile-de-France, les dépenses cumulées pour les postes transport et logement peuvent atteindre 50 % du revenu des ménages : « les incitations publiques à l’accession, à travers les mécanismes visant à rendre solvables des familles très modestes, les conduisent vers des logements très excentrés par rapport aux pôles d’activité et à une mobilité automobile souvent considérée comme peu acceptable par la collectivité (en raison des coûts externes d’environnement) mais tout aussi peu acceptable par leur propre budget » [Polacchini et Orfeuil, 1999, p. 43].

Certains ménages, motivés par un fort désir d’accession ou tout simplement par la volonté de quitter à tout prix « le quartier » dans lequel ils ont vécu pendant des années, « atterrissent » où le marché les pose, c’est-à-dire souvent dans des zones éloignées de la ville-centre et mal desservies par les transports en commun. Les choix « subis » de localisation résidentielle génèrent des difficultés de mobilité qui n’ont pas toujours été bien mesurées au moment de l’installation [Baudelle et al., 2004 ; Rougé, 2005]. Ainsi, la large diffusion au sein de la société du modèle de vie pavillonnaire, produit d’importantes inégalités dans les pratiques de mobilité et plus généralement dans les modes de vie, faisant état d’un processus de « spatialisation du social » [Roch, 1998].