2.1.1. Présentation des données utilisées

La mobilité enregistrée dans l’enquête ménages de l’agglomération lyonnaise ne porte que sur les jours de la semaine. On ne dispose pas d’informations fiables sur la mobilité de week-end, ni de données sur les déplacements de longue distance. Les difficultés de comparabilité entre les trois dernières enquêtes-ménages, notamment en ce qui concerne la variable « revenu du ménage », nous ont conduit à circonscrire l’analyse à la dernière enquête de 1994-1995 2 . A cette date, un peu plus de 6000 ménages représentatifs de la population totale de l’agglomération lyonnaise ont été sondés. Chaque individu du ménage, âgé de plus de 5 ans répond au questionnaire concernant ses déplacements quotidiens. Près de 14 000 individus ont été sondés et plus de 50 000 déplacements répertoriés.

Le champ de la mobilité balayé par l’enquête nationale transport est nettement plus large que celui recensé par l’EMD de Lyon, et ce tant sur le plan spatial que temporel. Représentative de la population française, l’ENT permet de connaître la mobilité de tous les résidants de l’hexagone. Elle nous renseigne sur la mobilité locale et non-locale de semaine y compris celle du week-end, non prise en compte dans les enquêtes ménages d'agglomérations. L’autre grand avantage de cette enquête est de fournir des informations sur la mobilité à longue distance réalisée au cours d’une année. Enfin, les variables de positionnement social et de revenus apparaissent plus détaillées que dans les enquêtes ménages locales. Les individus et les ménages peuvent être précisément caractérisés sur le plan social ce qui, compte tenu des objectifs de notre recherche, est particulièrement important.

Dans les enquêtes transports, les problèmes de comparabilité ne concernent pas directement la variable clé de notre approche, à savoir le revenu. Cependant, les changements méthodologiques intervenus entre les deux dates (1982 et 1994) rendent les comparaisons temporelles réellement réalisables que si elles portent sur la mobilité locale 3 . Compte tenu de ces restrictions, l’analyse sera limitée à la dernière enquête nationale transport de 1993-1994. Celle-ci recueille la mobilité d’un échantillon de 14 213 individus, âgés d’au moins 6 ans. Contrairement à l’EMD de Lyon, les individus des ménages sélectionnés n’ont pas tous été sondés. L’individu du ménage qui a répondu au questionnaire portant sur la mobilité de semaine et de week-end a été choisi par tirage au sort à probabilité uniforme tandis que celui qui a répondu au questionnaire sur les déplacements de longue distance a été choisi par un tirage à probabilités inégales, puisque la personne du ménage la plus mobile à longue distance avait deux chances sur trois d’être retenue. Il ne s’agit donc pas forcément de la même personne. Au total, l’enquête décrit plus de 45 000 déplacements répertoriés sur la semaine, plus de 50 000 réalisés le week-end (en majorité le samedi) et près de 42 000 déplacements de longue distance.

Dans notre recherche, l’enquête ménages de l’agglomération lyonnaise servira de support à l’analyse des inégalités économiques d’accès au mode automobile et à l’analyse des inégalités économiques de pratiques de déplacements quotidiens. Par rapport à l’enquête nationale transport, le principal intérêt des données recensées dans l’enquête ménages réside dans la possibilité d’intégrer la réflexion sur une aire urbaine donnée et de mieux rendre compte des inégalités en matière d’usage de l’espace. L’enquête ménages permet de spécifier la manière dont sont investies les différentes zones de l’agglomération, elle offre ainsi la possibilité d’identifier l’intensité avec laquelle les individus s’approprient le centre-ville ou à l’inverse limitent leurs déplacements aux zones périphériques.

Ce choix méthodologique se justifie également par le caractère fortement urbain des déplacements de semaine. Les déplacements analysés ont ainsi volontairement été circonscrits aux déplacements urbains : c’est-à-dire ceux dont l’origine et la destination se situent à l’intérieur de l’agglomération. Au quotidien, la mobilité strictement urbaine représente 96 % des déplacements réalisés durant les jours ouvrables de semaine par les habitants de l’agglomération, 86 % des distances parcourues et 87 % du budget temps total de déplacement. Le périmètre retenu est légèrement inférieur au bassin de vie de l’agglomération. Néanmoins, cette restriction de l’analyse aux déplacements urbains permet de ne pas introduire trop de variabilité dans les indicateurs de niveaux de mobilité, en particulier sur les distances et le budget-temps.

L’enquête nationale transport sera utilisée pour étudier la mobilité locale et non-locale de week-end ainsi que la mobilité de longue distance, effectuée sur l’année pour un motif personnel. Les déplacements de fin de semaine ont été décrits par interview et non par carnet, c’est la raison pour laquelle les déplacements à pied n’ont pas été relevés car ils sont souvent mal mémorisés. Dans notre chapitre concernant l’analyse des pratiques de fin de semaine, il sera régulièrement fait référence à la mobilité mécanisée de semaine, telle qu’elle peut être appréhendée dans l’ENT, et cela afin de faciliter les comparaisons avec le week-end. Parce qu’il semble plus difficile de réduire l’espace de vie à celui de l’agglomération durant le week-end, ce choix ne nous a pas semblé incompatible avec le traitement plus approfondi de la mobilité de semaine à partir de l’EMD de Lyon.

Pour analyser l’impact du revenu sur la mobilité de longue distance, nous avons exclu de notre approche les déplacements effectués pour un motif professionnel, c’est-à-dire les déplacements réalisés pour rejoindre un lieu de travail (qu’il soit fixe ou non), ainsi que ceux effectués pour se rendre sur un lieu de formation, de stage ou pour participer à une conférence, un congrès ou encore pour rencontrer un client, un fournisseur... Il s’agit selon nous d’une mobilité dont on peut penser qu’elle est en grande partie financée par l’employeur ou soumise à déduction fiscale ce qui la rend très largement indépendante des revenus familiaux même si elle peut leur être corrélée.

Notes
2.

Pour aller à l’essentiel, les principales différences entre les différentes vagues d’enquêtes, portent sur les variables de positionnement social (revenu, PCS, niveau d’études), sur les typologies de motifs et de modes de déplacement ainsi que sur les caractéristiques du logement. Le revenu du ménage identifié par tranche n’est disponible pour les seules enquêtes 1976 et 1995, la question n’ayant pas été posée en 1985. En 1976, le revenu identifié est le revenu annuel, en 1995 c’est le revenu mensuel, de plus les tranches de revenu retenues en 1976 et 1995 sont difficilement comparables.

3.

Les déplacements de longue distance ont été moins bien recueillis en 1982 qu’en 1993 du fait de la plus longue durée de recueil en 1982.