2.3.3. Quel indicateur choisir ?

Puisqu’il n’existe pas un indicateur meilleur que l’autre et que chacun possède des caractéristiques spécifiques, le choix de l’indice, doit être influencé par les objectifs du travail. En vertu de sa simplicité d’usage et d’interprétation, dans le cadre de notre travail, nous nous réfèrerons à l’indice de Gini pour mesurer les inégalités de revenu. Cet indice sera complété par la présentation de l’écart entre quintiles extrêmes.

Pour analyser la manière dont les inégalités qui traversent la distribution des revenus, se répercutent sur les niveaux et les comportements de mobilité, nous avons retenu deux types d’indicateurs quantitatifs complémentaires : l’écart entre quintiles extrêmes, qui mesure les écarts entre individus opposés dans la hiérarchie des revenus et l’indice de concentration, qui mesure l’inégalité sur l’ensemble de la population, en accordant un poids supérieur au milieu de la distribution.

Le rapport entre quintiles extrêmes (Q5/Q1) est calculé à partir d’une partition de la population en quintiles, réalisée au niveau global, si bien que ce ratio mesure l’écart entre les individus les plus aisés et les plus modestes de la population. Ainsi quels que soient les découpages possibles de la population que nous jugerons utiles de présenter, la référence au premier quintile renvoie toujours aux 20 % les plus modestes tels qu’ils ont été repérés au niveau global.

Les indices de concentration sont calculés sur les niveaux de mobilité en classant les individus par ordre croissant de revenu par UC. Cette mesure évalue la plus ou moins grande dispersion de la variable considérée (nombre de déplacements, distances, vitesse, nombre de voitures du ménage, etc.) selon le revenu, au sein d’un groupe déterminé. Il s’agit d’une mesure relative à la population considérée. Rappelons que plus la valeur de l’indice est proche de 1 plus les inégalités sont importantes, à l’inverse une valeur négative signifie que la répartition de l’attribut considéré se fait en faveur des plus modestes. Cependant, afin d’appréhender plus finement les valeurs prises par les indices de concentration des niveaux de mobilité, nous avons choisi de les comparer à la valeur de référence que constitue l’indice de Gini des revenus. A partir d’une valeur moyenne de l’indice de Gini égale à 0,3, valeur correspondant approximativement à l’indice de Gini des revenus en France, nous avons retenu l’échelle d’appréciation des indices de concentration présentée dans le Tableau 10. Pour un indice de concentration des distances parcourues égale à 0,14, les inégalités concernant les distances parcourues seront qualifiées de significatives, alors qu’elles sont faibles lorsque l’indice équivaut à 0,07 et très importantes pour une valeur de 0,35.

Tableau 10 : Échelle d’évaluation des indices de concentration des niveaux de mobilité
Valeur de l’indice
de concentration
Appréciation des inégalités
de mobilité
Inférieur à 0,05 Très faibles
De 0,05 à 0,10 Faibles
De 0,10 à 0,15 Significatives
De 0,15 à 0,20 Importantes
Plus de 0,20 Très importantes

Bien qu’il soit facilement décomposable, nous ne nous réfèrerons pas à l’indice de Theil car son utilisation n’est pas compatible avec des valeurs nulles. Cet indicateur nous condamnerait par conséquent à exclure les individus non-motorisés ou ceux qui ne se sont pas déplacés, ce qui masquerait artificiellement une grande partie des inégalités observées en matière de motorisation ou de mobilité. En outre, dans le cadre d’une approche empirique, la multiplication des indices permettant d’apprécier l’inégalité d’une distribution peut contribuer à un brouillage des résultats, difficile à interpréter en termes d’inégalité.