1.2.1.1. Le taux de motorisation des ménages : un indicateur problématique

En effet, si l’on raisonne par analogie, il en va de la motorisation des ménages comme du nombre de pièces ou de la superficie du logement qui varient selon le nombre de personnes à loger et selon le revenu du ménage. Un ménage d’un adulte disposant d’une voiture particulière n’est pas dans la même situation qu’un ménage de deux adultes disposant également d’une voiture particulière. De la même manière un ménage d’un adulte disposant de 1500 € ne dispose pas du même niveau de vie qu’un couple sans enfant disposant du même revenu. La solution qui consiste à exprimer les inégalités de motorisation non plus en fonction du revenu du ménage, mais en fonction du revenu par UC du ménage permet certes de décorréler en partie le revenu global de la composition du ménage et de s’affranchir ainsi des effets liés à la taille du ménage et à l’âge des personnes qui le composent. Cette décorrélation reste toutefois insuffisante : le nombre de voitures particulières des ménages demeure fortement croissant en fonction du nombre d’adultes quel que soit le quintile de revenu par UC considéré (Graphique 13).

Graphique 13 : Nombre de VP par ménage en fonction du revenu par UC et du nombre d’adultes du ménage*

*Ménages comprenant au moins un actif et dont la PR est âgée de 25 à 59 ans

Source : EMD de Lyon 1994-1995

Afin de contourner ce problème, plusieurs possibilités sont en général utilisées dans la littérature. Premièrement, il est possible de faire une analyse des inégalités de motorisation des ménages en traitant séparément les ménages comprenant un adulte, deux adultes, trois adultes… L’inconvénient de cette première méthode est qu’elle interdit la production d’indicateurs agrégés d’inégalités de motorisation. La seconde solution fréquemment envisagée est de faire le ratio entre le nombre de voitures du ménage et le nombre d’adultes. Adopter un tel indicateur de motorisation reviendrait à surestimer la motorisation des ménages ne comportant qu’un seul adulte et à sous estimer le niveau de motorisation des ménages comportant 3 adultes ou plus (Graphique 14, Graphique 15). Ce type de difficultés est fréquent lorsque l’on compare les niveaux de motorisation selon la localisation au sein de l’agglomération, les ménages de petites tailles étant plus nombreux dans le lieux centraux.

Graphique 14 : Nombre de VP par ménage et nombre de VP par adulte en fonction du nombre d’adultes du ménage*
Graphique 15 : Nombre de VP par adulte en fonction du revenu par UC en quintiles et du nombre d’adultes du ménage*

*Ménages comprenant au moins un actif et dont la PR est âgée de 25 à 59 ans

Source : EMD de Lyon 1994-1995

En résumé, aucune des solutions traditionnellement utilisées pour assurer la décorrélation entre le nombre de voitures et le nombre d’adultes du ménage n’est véritablement satisfaisante afin d’analyser et de mesurer les inégalités, notamment verticales, de motorisation des ménages. Nous présentons donc dans les lignes qui suivent une nouvelle méthode de décorrélation s’inspirant des échelles d’équivalence permettant de passer du revenu du ménage au revenu par unité de consommation.