1. Des dispersions aux inégalités de mobilité quotidienne

1.1. Repères méthodologiques

Dans ce chapitre, la mobilité quotidienne est analysée à partir de l’enquête ménages déplacements de l’agglomération lyonnaise qui nous renseigne sur l’ensemble des déplacements réalisés la veille du jour de l’enquête, obligatoirement un jour de semaine, par les individus de 5ans et plus. Seuls les déplacements internes au périmètre de l’enquête seront analysés afin de ne pas introduire trop de variabilité dans les indicateurs retenus (cf. Chapitre 2). Cette restriction du champ d’analyse prend en compte 96 % des déplacements réalisés par les résidants de l’agglomération et 86 % des distances qu’ils parcourent un jour de semaine.

Pour analyser la mobilité quotidienne urbaine, des indicateurs de niveaux et des indicateurs de comportements seront systématiquement présentés. Pour ne pas avoir une vision trop réductrice du phénomène observé, les niveaux de mobilité seront évalués à partir de différents indicateurs : le nombre de déplacements réalisés, les distances parcourues 1 , le temps consacré à se déplacer et la vitesse moyenne de déplacement. A niveau de mobilité donné, les comportements de mobilité renseignent sur les conditions dans lesquelles s’effectuent les déplacements : mode de transport utilisé, motif du déplacement, répartition spatiale. Les indicateurs de comportements seront présentés comme le rapport du nombre de déplacements réalisés dans le mode (respectivement le motif ou la zone) considéré, sur le nombre total de déplacements.

Comportement modal : parmi les différents modes de transport disponibles, on ne retiendra que les plus usuels : marche à pied, voiture particulière et transports en commun urbains ; les autres modes (deux-roues, transports en commun non-urbains…) sont peu utilisés vu le périmètre retenu.

Motifs de déplacements : pour simplifier l’analyse quatre grands motifs de déplacements seront distingués : les déplacements contraints, moyennement contraints, de loisirs et de visites. Le terme contraint renvoie aux contraintes spatiales et temporelles plus ou moins fortes attachées aux activités à réaliser. En semaine, on considérera que les déplacements liés au travail (domicile-travail, domicile-lieu d’étude, recherche d’emploi, restauration au cours de la journée de travail ou d’étude) et les déplacements d’accompagnement (des enfants, du conjoint…) subissent les contraintes les plus lourdes. Les déplacements de santé, ceux réalisés pour effectuer des démarches administratives ou encore ceux liés aux achats quotidiens ou hebdomadaires, seront considérés comme moyennement contraints. Le motif « loisirs »regroupe les déplacements réalisés pour se rendre au restaurant, pratiquer une activité sportive, culturelle ou associative. Il donne une idée du degré de sociabilité externe de l’individu. Le motif « visites »recense les déplacements réalisés pour rendre visite aux membres de la famille ou aux amis, c’est un indicateur de sociabilité interne. Par simplification, on considèrera que la distribution des différents motifs au cours d’une journée de semaine donne à lire des « programmes d’activités » ou des « emplois du temps », bien que pour être tout à fait précis, il faudrait connaître la manière dont les activités se répartissent et se succèdent dans le temps.

Pratiques spatiales : deux grandes zones seront distinguées au sein de l’agglomération : le centre qui regroupe les communes de Lyon et de Villeurbanne et qui rassemble 44 % de la population et la périphérie où résident 56 % de la population (25 % en 1ère couronne et 31 % dans les autres communes du périmètre). Pour chaque individu nous présenterons les déplacements internes au centre de l’agglomération, les déplacements internes à la périphérie c’est-à-dire ceux réalisés à l’intérieur de la 1ère ou de la 2ème couronne périurbaine ainsi que ceux réalisés entre ces deux zones et enfin la part des déplacements effectués entre le centre et la périphérie. La part des déplacements réalisés à proximité du domicile vient compléter cette représentation. Il s’agit des déplacements pour lesquels l’origine et la destination appartiennent au même secteur de tirage que la zone de domicile, secteur défini à partir d’un découpage assez fin de l’agglomération en 87 zones. Ces indicateurs spatiaux permettront d’identifier dans quelle mesure les espaces de circulation peuvent être plus ou moins restreints selon la condition socio-économique de l’individu.

Notes
1.

Nous disposons d’une information relativement fine et précise sur les distances parcourues grâce au travail d’estimation réalisé par Nicolas et al. [2001] à partir des origines et destinations de chaque déplacement. L’affectation des distances varie selon le mode de déplacement et le type de déplacement (inter ou intrazone). Une combinaison des méthodes d’estimation à vol d’oiseau, rectilinéaire moyen et pondéré a été privilégiée pour la marche à pied, les transports en commun et le vélo, tandis que les distances parcourues en voiture et en deux-roues motorisées ont été estimées selon le modèle d’affectation DAVIS fournis par le CETE de Lyon. Pour plus de détails sur le mode de calcul on se référera au document méthodologique « Indicateurs de mobilité durable sur l’agglomération lyonnaise : Méthodes et résultats » [Nicolas et al., 2001, pp. 37-54].