2.1.1. Les scolaires

2.1.1.1. Une autonomisation progressive de l’école au lycée

La mobilité quotidienne des écoliers du primaire se caractérise par un nombre de déplacements relativement proche de la moyenne mais par des distances parcourues et des budgets-temps nettement inférieurs. L’entrée au collège entraîne une forte augmentation du temps passé à se déplacer (+50 %) qui se rapproche ainsi du budget-temps moyen de la population (56 mn contre 63 mn) (Tableau 36). De l’école au collège, on observe également un allongement des trajets quotidiens (+35 %) lié au doublement des distances domicile-école. L’augmentation des durées de déplacements en découle directement mais s’explique également par une diminution des accompagnements en voiture particulière (de 41 % à 28 % des déplacements de l’école au collège) qui se fait en faveur des transports en commun (20 % des déplacements contre 5 % chez les écoliers). Cependant, ces évolutions ne représentent pas encore une transformation radicale des comportements modaux puisque les déplacements à pied restent les plus fréquents (50 % des déplacements contre 54 % pour les écoliers).

Tableau 36 : Niveaux de mobilité des scolaires selon la localisation résidentielle
  Distance domicile-école Nombre de déplacements Distance (km) Budget-temps (mn) Vitesse (km/h)
Ecoliers
Centre (37 %)
Périphérie (63 %)
1,2
0,9
1,4
3,5
3,4
3,5
6,2
4,1
7,5
38
39
36
9,8
6,3
12,3
Collégiens
Centre (35 %)
Périphérie (65 %)
2,3
1,4
2,7
3,6
4,1
3,4
8,4
6,8
9,3
56
62
53
9,0
6,5
10,5
Lycéens
Centre (32 %)
Périphérie (68 %)
5,7
2,9
7,0
3,5
4,1
3,2
13,8
9,6
14,0
78
76
78
10,6
7,6
10,8

Source : EMD de Lyon 1994-1995

Les lycéens ne se déplacent pas plus souvent que les collégiens ou les écoliers, en revanche les distances qu’ils parcourent et le temps qu’ils y consacrent sont nettement plus élevés (respectivement +64 % et +39 % par rapport aux collégiens) du fait de la moindre densité des établissements du second degré. En passant du collège au lycée, les jeunes deviennent plus indépendants dans leurs pratiques de déplacements, c’est pourquoi sur des distances plus longues qu’auparavant, le mode privilégié est les transports en commun (40 %), les accompagnements en voiture deviennent plus minoritaires encore (17 %). Il est certain aussi que la plus grande flexibilité de leurs horaires de cours rend leurs déplacements plus difficiles à synchroniser avec les horaires de travail de leurs parents. Un peu plus d’un tiers (34 %) des déplacements se font à pied.

Plus des deux tiers des déplacements des écoliers (68 %) se font à proximité immédiate du domicile contre un peu plus de la moitié au collège (54 %) et seulement 31 % au lycée. On retrouve le fait que plus ils sont âgés, plus les élèves doivent se rendre dans des établissements scolaires éloignés de leur domicile : un peu moins d’un quart des collégiens (23 %) et plus de la moitié des lycéens (54 %) fréquentent un établissement situé dans une zone concentrique différente de celle de leur lieu de résidence (contre 10 % des écoliers). Les navettes quotidiennes centre-périphérie, peu fréquentes chez les écoliers (6 %), gagnent de l’importance au collège (11 %) et augmentent significativement au lycée (25 %).

En semaine, la mobilité des scolaires est principalement motivée par leurs études (70 %, 71 % et 64 % des déplacements de l’école au lycée). Les loisirs et les visites, qui représentent moins d’un quart des déplacements des écoliers et des collégiens (respectivement 22 % et 21 %), deviennent un peu plus significatifs au lycée (25 % des déplacements) car les visites, aux amis notamment, commencent à prendre une place plus importante dans leur vie quotidienne (de 5 % à 6 % des déplacements à l’école et au collège, à 10 % au lycée).

L’analyse menée sur l’agglomération lyonnaise montre que les niveaux de mobilité des scolaires sont assez peu sensibles à leurs différentes caractéristiques socio-économiques, leur mode de vie quotidien étant très largement rythmé par leurs activités scolaires. En revanche les distances qu’ils parcourent et les comportements modaux ne sont pas les mêmes selon qu’ils résident dans le centre ou en périphérie (Tableau 36). L’augmentation des distances domicile-école en périphérie, mineure chez les plus petits, est sensible chez les collégiens et plus encore chez les lycéens. Cet allongement des parcours quotidiens en périphérie ne se ressent pas trop sur les budgets-temps de transport qui restent tout à fait comparables (voire inférieurs comme chez les collégiens) grâce à un recours plus fréquent aux modes mécanisés lorsque l’on s’éloigne du centre. Les écoliers et les collégiens de périphérie se font fréquemment véhiculer (respectivement 50 % et 31 % des déplacements contre 26 % et 22 % dans le centre). Au lycée, les transports en commun se substituent aux accompagnements (45 % des déplacements en périphérie, 39 % dans le centre contre respectivement 19 % et 14 % en tant que passager d’une voiture). Ainsi, l’augmentation des distances quotidiennes, consécutive à une localisation plus périphérique, est compensée par une élévation des vitesses de déplacements. En revanche, la situation du domicile n’a pas d’influence majeure sur la fréquence des déplacements et les activités des scolaires.