2.1.2.2. Analyse et mesure des inégalités

Le passage de la vie de lycéen à la vie d’étudiant semble se traduire par une modification de la distribution spatiale des lieux de résidence des étudiants rattachés aux ménages les plus aisés. La localisation résidentielle des étudiants des ménages modestes est proche de celle des lycéens de même revenu tandis que la part des étudiants aisés localisés en périphérie est inférieure à celle de leurs homologues lycéens (respectivement 42 % des étudiants aisés contre 64 % des lycéens aisés) (Graphique 54, Graphique 55). Ces résultats suggèrent qu’une partie des lycéens de périphérie quittent le domicile de leurs parents pour s’installer à proximité de leur lieu d’étude lors du passage dans le supérieur. Pour les résidants de l’agglomération lyonnaise, la décohabitation des enfants lorsqu’ils deviennent étudiants dépend des moyens financiers des parents, elle est donc croissante en fonction du revenu et ne se vérifie pas chez les plus modestes. En conséquence, et contrairement à ce que nous observions chez les scolaires, les étudiants des ménages modestes sont en moyenne nettement plus éloignés de leur lieu d’étude : les distances domicile-lieu d’étude gagnent 59 % du dernier au 1er quintile. En outre, lorsqu’ils restent en périphérie chez leurs parents, les étudiants les plus aisés ont plus fréquemment accès au volant que les plus modestes (61 % des étudiants du dernier quintile contre 36 % de leurs homologues du 1er ). Pour les étudiants aisés de périphérie, l’arbitrage va alors se faire entre prendre un logement indépendant dans le centre, à proximité du lieu d’étude ou rester au domicile familial et disposer d’une voiture.

Graphique 54 : Localisation résidentielle des lycéens en fonction du revenu
Graphique 55 : Localisation résidentielle des étudiants en fonction du revenu

Source : EMD de Lyon 1994-1995

Plus éloignés de leur lieu d’étude et sensiblement moins motorisés, les étudiants rattachés à des ménages modestes rencontrent donc des difficultés de mobilité sensiblement plus fortes que les plus aisés. Globalement, à l’exception du nombre de déplacements quotidiens, les niveaux de mobilité des étudiants diminuent lorsque le revenu augmente (Tableau 40). Ce résultat est également perceptible à travers la valeur négative des indices de concentration. Afin d’évaluer précisément les inégalités verticales de mobilité des étudiants, il convient de neutraliser les effets liés à l’accès ou non à une voiture et à la localisation résidentielle. Or la taille de l’échantillon disponible, ne nous permet pas de mener à terme cet exercice de repérage des effets du revenu.

Tableau 40 : Niveaux de mobilité des étudiants selon le revenu
  Q1 Q5 Evolution Q5/Q1 Indice de concentration
Distance domicile-travail
Part des résidants du centre (%)
Part des accédants au volant (%)
10,5
30
39
6,6
59
45
0,63
1,97
1,15
-
-
0,065
Niveaux de mobilité
Nombre de déplacements
Distance (km)
Budget-temps (mn)
Vitesse (km/h)

3,2
23,6
90
15,7

4,2
17,6
86
12,2

1,31
0,75
0,96
0,78

0,042
-0,046
-0,026
-0,038

Source : EMD de Lyon 1994-1995