2.2.2. Les chômeurs

2.2.2.1. Une mobilité qui emprunte à celle des actifs et des femmes au foyer

Comparés aux actifs, les chômeurs représentent une population plus féminine, plus jeune et comportant plus de personnes vivant seules avec ou sans enfants. C’est enfin une population aux revenus très faibles : 50 % appartiennent au premier quintile de revenu, contre à peine 4 % au dernier quintile. Les individus à la recherche d’un emploi comptent parmi les plus mobiles de l’agglomération lyonnaise. Ils parcourent cependant moins de kilomètres (-19 %) que les actifs et leur vitesse moyenne de déplacement est 1,3 fois moins élevée (Tableau 45). La part des déplacements fortement contraints 1 est deux fois moins élevée que chez les actifs (33 % contre 66 %). Les chômeurs se rendent ainsi plus disponibles pour prendre en charge l’intendance du ménage (achats, démarches …) ; en cela leur mobilité se rapproche de celle des femmes au foyer. Enfin, les chômeurs semblent compenser l’absence d’activité professionnelle par une participation sociale plus extravertie, sinon plus fournies tout au moins plus tournée vers l’extérieur : plus du tiers de leurs déplacements sont consacrés aux loisirs et aux visites (contre 15 % chez les actifs ou 25 % chez les femmes au foyer).

Le pourcentage de chômeurs accédants au volant (62 %) est inférieur à celui des actifs (81 %) mais sensiblement supérieur à celui des femmes au foyer (43 %). La répartition modale des déplacements se situe également à mi-chemin de celle observée chez ces deux sous-groupes : le recours à la marche à pied est significatif même si les déplacements au volant d’une voiture restent les plus fréquents. Enfin, signalons que 40 % des déplacements des chômeurs se font à proximité du domicile (contre 27 % et 65 % des déplacements respectivement des actifs et des femmes au foyer). Exprimées en termes de zonage concentrique, leur localisation résidentielle est comparable à celle des actifs et sensiblement moins périphérique que celle des femmes au foyer.

Comme pour les autres groupes, l’accès au volant s’avère déterminant sur les pratiques de mobilité quotidienne. Or, chez les chômeurs, les inégalités d’accès effectif au volant sont significatives et nettement plus fortes que chez les actifs (cf. Chapitre 3). Les chômeurs disposant d’un accès effectif au volant ont des niveaux de mobilité proches de ceux de leurs homologues actifs. En revanche, ceux qui n’ont pas la possibilité de conduire régulièrement ont une mobilité moins extravertie, ce qui pèse sur leurs probabilités de (ré)insertion professionnelle (Tableau 45). Les non-accédants au volant se déplacent en effet 1,5 fois moins souvent pour des démarches liées à la recherche d’emploi, ce qui confirme l’atout incontestable que constitue l’accès au volant pour chercher un emploi. Les chômeurs sans accès régulier au volant réalisent également près de deux fois moins d’accompagnements. Ils se déplacent le plus souvent à pied, à proximité de leur domicile (44 % des déplacements contre 39 % chez les accédants).

Tableau 45 : Niveaux et comportements de mobilité des chômeurs

Source : EMD de Lyon 1994-1995

Une fois neutralisé l’accès ou non au volant, la mobilité des chômeurs reste sensible à d’autres facteurs socio-économiques, mais leur impact est dans l’ensemble limité. Comme chez les femmes au foyer, les niveaux de mobilité dépendent de la présence ou non d’enfants dans le ménage ainsi que de la situation géographique du domicile.

Notes
1.

Les déplacements fortement contraints sont assimilés pour ce groupe aux déplacements liés à la recherche d’emploi ou aux accompagnements.