2.3.2.2. Analyse et mesure des inégalités

Avant d’analyser la sensibilité des niveaux et des comportements de mobilité au revenu, il convient de préciser les principales caractéristiques socio-démographiques des individus selon leur quintile d’appartenance tant les différences sont significatives. Les retraités nés avant 1920 ont des revenus plus limités que leurs homologues moins âgés, 47 % appartiennent aux deux premiers quintiles (contre 35 % des seniors) et seulement 15 % au dernier (contre 22 % des seniors). La part des femmes décroît avec le revenu : plus des trois quarts des retraités du premier quintile sont des femmes contre moins de la moitié de ceux du dernier quintile (46 %). En outre, chez les plus modestes, on compte une majorité de personnes vivant seules (62 %) alors que les retraités du dernier quintile vivent le plus souvent en couple (51 %). Ainsi plus du tiers des retraités du premier quintile sont des femmes seules contre moins de 10 % des retraités du dernier quintile. Les plus aisés se distinguent également par une localisation très centrale, 73 % habitent Lyon ou Villeurbanne (contre 53 % des plus modestes).

La mobilité des retraités est très sensible au revenu : la fréquence des déplacements évolue dans un rapport de 1 à 1,6 du premier au dernier quintile, les distances parcourues en semaine dans un rapport de 1 à 2,4 (Tableau 57). Quel que soit le quintile d’appartenance, les déplacements à pied sont les plus nombreux mais leur importance diminue lorsque le revenu augmente (de 64 % à 50 % du 1er au dernier quintile) de même que les déplacements en transports en commun (de 20 % à 9 %) et à l’inverse des déplacements effectués au volant d’une voiture (de 4 % à 32 %). Ceux-ci se répartissent très inégalitairement selon le revenu au sein de ce groupe (0,332). La structure de la mobilité quotidienne par motif et selon l’orientation des déplacements apparaît assez indépendante du niveau de vie. Les plus aisés se distinguent cependant des autres : ils se déplacent relativement plus en dehors de leur zone de résidence - notamment en centre-ville pour ceux qui habitent en périphérie - et pour des motifs liés à leurs loisirs.

Tableau 57 : Niveaux de mobilité des retraités de 75 ans et plus selon le revenu
  Q1 Q5 Evolution Q5/Q1 Indice de concentration
Part des accédants au volant (%) 9 52 5,78 0,290
Niveaux de mobilité
Nombre de déplacements
Distance (km)
Budget-temps (mn)
Vitesse (km/h)

1,9
3,5
37
5,6

3,0
8,4
45
11,2

1,58
2,40
1,22
2,00

0,099
0,135
0,055
0,083

Source : EMD de Lyon 1994-1995

Les écarts entre « jeunes » retraités et retraités âgés se creusent d'autant plus que le niveau de revenu est faible : les retraités âgés du 1er quintile font presque deux fois moins de déplacements que les jeunes retraités de même quintile (respectivement 20 % de moins seulement au sein du dernier quintile). Cet impact différencié de l’âge selon le revenu tient pour partie à la composition socio-démographique des quintiles les plus aisés de retraités âgés qui reste relativement proche de celle de leurs homologues de moins de 75 ans. En outre l’accès au volant croît avec le revenu. Toutefois, l’hypothèse d’un vieillissement plus rapide des plus modestes, lié à une plus grande pénibilité de leur emploi et qui les contraindrait à réduire plus tôt leur mobilité, ne peut être totalement éludée.