3.3. Des inégalités variables selon la position dans le cycle de vie

Dès le plus jeune âge, la motorisation du ménage d’appartenance est source d’inégalités dans la mobilité quotidienne. Elle élargit l’éventail des choix possibles en matière éducative : choix du « meilleur » établissement scolaire, choix des activités extra-scolaires, choix des relations amicales préservant l’homogénéité sociale, justifiant ainsi également le recours régulier aux accompagnements en voiture. Parmi les ménages à bas revenu, seul l’aspect pratique lié à la proximité du domicile semble guider le choix du lieu d’étude. En conséquence, la motorisation, voire la bi-motorisation des ménages devient une nécessité pour les parents souhaitant adopter les normes de « performances » des catégories sociales favorisées.

Cette inégalité sociale dans l’accès à l’automobile se poursuit chez les étudiants domiciliés chez leurs parents et résidants en périphérie. Lorsqu’ils appartiennent aux ménages les plus modestes, ils supportent chaque jour de longues navettes entre le centre et la périphérie compte tenu de la localisation souvent très centrale des établissements du supérieur et de leur moindre accès au volant.

En milieu de cycle de vie, les inégalités dépendent des possibilités d’accès au volant et du statut d’occupation. Les inégalités sont plus faibles parmi les accédants au volant, et d’autant plus faibles encore que les activités quotidiennes sont spatialement et temporellement contraintes. Après 75 ans, les inégalités de mobilité quotidienne sont plus significatives parmi les accédants au volant. A cet âge pouvoir conduire régulièrement une voiture est le signe d’une absence de handicaps, alors qu’une partie des retraités âgés se démotorise du fait de la dégradation de leur état de santé. Les plus de 75 ans accédant au volant constituent probablement une population plus autonome dans la gestion du quotidien et des déplacements que cela implique. Leur mobilité apparaît globalement plus dépendante du revenu que celle des non-accédants pour lesquels on peut penser que l’état de santé et l’absence de culture de la mobilité motorisée priment sur le revenu.