1.1.3. Un champ d’analyse restreint aux agglomérations de province

Afin de faciliter la comparaison des résultats issus de ce chapitre avec la mobilité quotidienne de semaine, nous avons choisi de limiter l’analyse de la mobilité locale et non locale de fin de semaine, aux individus résidant dans les agglomérations de province, c’est-à-dire dans une agglomération d’au moins 20 000 habitants hors agglomération parisienne. Ces agglomérations regroupent toutes les communes appartenant à une unité urbaine autre que celle de Paris, à l’exception également des communes rurales hors influence urbaine. La mobilité de week-end des Franciliens, ainsi que celle des ruraux, ont donc été exclues de l’approche présentée dans ce chapitre afin de raisonner sur des cadres spatiaux relativement homogènes. Cette distinction est motivée par trois raisons principales.

En premier lieu, on constate que les niveaux de mobilité non locale sont fortement différenciés selon le lieu de résidence. C’est essentiellement sur le caractère plus ou moins local de la mobilité de fin semaine que les différences les plus significatives apparaissent, la propension à réaliser de longs déplacements le week-end n’étant pas complètement indépendante de l’environnement plus ou moins urbain du lieu de résidence (Graphique 58, Graphique 59). Ce sont ainsi près de 12 % des Franciliens qui ont réalisé au moins un déplacement de longue distance pendant le week-end, contre environ 10 % des résidants des agglomérations de province et à peine plus de 5 % des ruraux. La mobilité non locale représente ainsi 11 % des déplacements et 60 % des distances parcourues en fin de semaine par les Franciliens (respectivement 4,5 % des déplacements et 32 % des distances des ruraux). En revanche, au plan local, les ruraux sont les plus mobiles : ils se déplacent 1,2 fois plus souvent que les Franciliens et parcourent plus de kilomètres (de l’ordre de +35 %). Le mode de recueil des déplacements de week-end explique probablement une partie des différences en matière de mobilité locale, puisque les déplacements à pied, dont on peut légitimement penser qu’ils sont plus fréquents dans les zones denses, n’ont pas été comptabilisés.

Graphique 58 : Nombre de déplacements et part des individus non mobiles selon le lieu de résidence
Graphique 59 : Distances parcourues et part des voyageurs à longue distance selon le lieu de résidence

*Les non mobiles correspondent aux individus n’ayant réalisé aucun déplacement mécanisé, le choix de les représenter en lieu et place des mobiles est essentiellement motivé par un souci de lisibilité graphique 

Source : ENT 1993-1994

Deuxièmement on note d’importantes corrélations entre le revenu par UC et lieu de résidence. Près de 37 % des franciliens appartiennent au dernier quintile de revenu par UC contre respectivement 17 % et 11 % des résidants des agglomérations de province et du rural. A l’inverse, moins de 11 % des franciliens appartiennent au 1er quintile contre 20 % des provinciaux et 26 % des ruraux. Ces corrélations laissent courir le risque d’attribuer au revenu des effets de localisation ou l’inverse. Ainsi, il semble plus prudent d’exclure les cadres de résidence qui s’écartent le plus d’une distribution uniforme des individus au sein des différents quintiles. La ventilation des quintiles de revenu par UC est relativement bien respectée dans les agglomérations de province, qui se rapprochent ainsi de la situation lyonnaise.

Enfin, une fois contrôlé le quintile de revenu d’appartenance, l’impact du cadre de résidence sur la mobilité de week-end apparaît moins nettement. Cependant, à quintile de revenu donné, la fréquence des déplacements locaux et les distances qui leur sont associées diminuent du rural à l’agglomération parisienne, tandis que la fréquence des déplacements non locaux et les distances parcourues restent croissantes (Tableau 60). Une analyse précise des inégalités de mobilité de week-end supposerait donc de présenter chaque résultat en distinguant le quintile d’appartenance et le lieu de résidence. Au-delà de la complexité d’une telle présentation, ces distinctions se heurteraient à d’importants problèmes d’effectifs une fois la décomposition par groupe de cycle de vie établie.

Tableau 60 : Niveaux de mobilité de fin de semaine selon la taille de l’agglomération et le revenu
  Rural
(26 %)
Agglomérations de province (58 %) Agglomération parisienne (16 %)
Q1 Q5 Q1 Q5 Q1 Q5
Nombre de déplacements
En local
En non-local
3,4
3,3
0,1
5,2
4,7
0,5
3,0
2,8
0,2
5,0
4,5
0,5
2,8
2,7
0,1
4,4
3,8
0,6
Distance (km)
En local
En non-local
46
36
10
115
67
48
48
29
19
114
51
63
59
30
29
120
42
78
Part des non mobiles* (%) 34 12 37 14 35 16
Voyageurs à longue distance (%) 3 11 6 16 5 16
*Non mobiles : individus n’ayant réalisé aucun déplacement mécanisé lors du week-end

Source : ENT 1993-1994

Ainsi, dans l’optique de limiter les risques de biais liés à la taille de l’agglomération et afin de maintenir une certaine « homogénéité » dans les contextes spatiaux, les résultats présentés dans la suite du chapitre sont limités à la mobilité mécanisée, locale et non locale, réalisée le samedi et le dimanche par les individus résidant dans les agglomérations de province. Les comparaisons entre la mobilité de week-end et celle de semaine porteront donc uniquement sur la mobilité mécanisée de semaine, locale et non locale réalisée par les résidants des agglomérations de province.