1.4. Les inégalités apparentes de mobilité de fin de semaine

Nous présentons ici les niveaux et les comportements de mobilité mécanisée de week-end selon le revenu exprimé en quintiles par uc.

1.4.1. Des écarts assez nets entre quintiles

En première analyse, c’est-à-dire non décorrellée des autres facteurs explicatifs, la mobilité de fin de semaine est liée positivement au revenu du ménage, à la fois en termes de participation sociale (le nombre de déplacements sur le week-end reflète la fréquence des sorties et des activités extérieures) et d’autonomie spatiale (perceptible à la distance totale parcourue sur les deux jours) : comme c’était le cas en semaine, on enregistre donc bien un effet apparent 1 du revenu du ménage par unité de consommation sur la mobilité des individus (Graphique 66, Graphique 67).

Par rapport au premier quintile, le nombre de déplacements est ainsi supérieur de deux tiers dans le dernier quintile, la distance parcourue est 2,4 fois plus élevée. Cette plus faible mobilité provient d’une moindre participation à la plupart des activités à l’exception des visites, qu’il s’agisse d’activités contraintes comme le travail, les études, les accompagnements ou d’activités au caractère déjà moins contraignant comme les achats ou encore plus « libres » comme les diverses formes de sociabilité ou de loisirs. La part des individus n’ayant réalisé aucun déplacement mécanisé lors du week-end diminue progressivement de plus de 37 % pour le 1er quintile à moins de 24 % pour le dernier. A l’inverse, la part des voyageurs à longue distance triple presque du 1er au dernier quintile (respectivement 6 % et 16 %), ce qui reflète la forte sensibilité des niveaux de mobilité non locale au revenu. En non-local, la fréquence des déplacements à plus de 100 km est multipliée par 2,6 et les distances parcourues par 3,3 du 1er au dernier quintile.

Graphique 66 : Nombre de déplacements mécanisés et part des individus non mobiles selon le revenu
Graphique 67 : Distances parcourues et part des voyageurs à longue distance selon le revenu

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

Le week-end, l’usage des modes de transport s’oriente très largement vers l’automobile et les déplacements en tant que conducteur sont plus fréquents parmi les plus aisés. Ils varient entre 41 % pour le 1er quintile et 61 % pour le dernier et sont majoritaires à partir du 3ème quintile. Les plus modestes se déplacent un peu plus fréquemment en transports en commun (7 % contre 3 % pour le dernier quintile) et utilisent également plus souvent d’autres modes (9 %, essentiellement des deux-roues contre 2 % pour les plus aisés). Les principales différences dans la répartition des déplacements par grandes catégories de motifs portent essentiellement sur la part relative des visites et des activités de loisirs au sein de la mobilité (respectivement 36 % et 14 % pour le 1er quintile, 26 % et 21 % pour le dernier quintile) mais ces sorties restent toujours plus fréquentes en valeur absolue chez les plus aisés.

Notes
1.

… apparent car tous ces écarts ne lui sont pas forcément imputables, cet impact a priori du revenu des ménages (même lorsqu’il est ramené à un équivalent commun, le revenu par unité de consommation) sur la mobilité de week-end des individus les constituant peut cacher l’effet d’autres variables qui lui sont corrélées comme la position dans le cycle de vie, la génération d’appartenance ou la localisation du domicile, comme nous le verrons lors de l’analyse des différents groupes.