2.1.2. Des écarts entre quintiles extrêmes plus prononcés qu’en semaine

En fin de semaine, l’impact du revenu sur les niveaux de mobilité est assez net (Tableau 63). Mesurée en nombre de déplacements comme en distance, en local comme en non-local, la mobilité des enfants des ménages les plus aisés apparaît plus extravertie. Du 1er au dernier quintile, le nombre de déplacements et encore plus les distances, augmentent significativement. Quelques indicateurs simples permettent d’étayer ce constat : en moyenne plus de 40 % des scolaires des ménages à bas revenu n’ont pas réalisé de déplacements mécanisés en fin de semaine contre moins de 10 % des plus aisés. De même la part des scolaires s’étant éloignés à plus de 100 km du domicile est marginale lorsque les revenus familiaux sont faibles. La moindre motorisation des ménages modestes semble se traduire à cet âge par une absence de déplacements (ou par des déplacements effectués à pied mais non pris en compte par l’enquête). Ainsi, le week-end, les écarts de niveaux de mobilité entre quintiles extrêmes sont perceptibles chez tous les groupes de scolaires, contrairement aux jours de semaine où les contrastes liés au revenu du ménage s’effaçaient en partie devant l’obligation quotidienne de se rendre sur le lieu d’étude à l’établissement scolaire.

Les niveaux de mobilité plus faibles des plus modestes se traduisent, sur le plan des motifs de déplacements, par une mobilité de week-end moins tournée vers les loisirs. En effet, le surcroît de déplacements des enfants appartenant aux tranches de revenus élevés, provient principalement d’activités de loisirs plus répandues : de 0,2 à 1,6 déplacements du 1er au dernier quintile chez les écoliers, de 0,7 à 1,6 chez les collégiens et de 0,6 à 1,7 chez les lycéens. En contrepartie, les visites, les motifs contraints et la catégorie autres motifs captent proportionnellement une plus grande part de la mobilité au sein du 1er quintile. Ce résultat nous interroge sur les capacités différenciées d’appropriation et de valorisation du temps libre des enfants selon les revenus familiaux.

Tableau 63: Niveaux de mobilité mécanisée des scolaires en fin de semaine selon le revenu
  Ecoliers Collégiens Lycéens
Q1 Q5 Q1 Q5 Q1 Q5
Nombre de déplacements
En local
En non-local
2,4
2,4
0,0
4,4
3,7
0,7
3,2
3,1
0,1
4,1
3,8
0,3
2,2
2,0
0,2
4,8
4,4
0,4
Distance (km)
En local
En non-local
28
20
8
80
35
36
31
24
7
117
40
77
50
22
29
90
47
43
Part des non mobiles* (%) 46 7 41 7 41 9
Voyageurs à longue distance (%) 2 13 3 18 5 11
*Non mobiles : individus n’ayant réalisé aucun déplacement mécanisé lors du week-end

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

L’absence de voiture au sein du ménage concerne plus d’un quart des scolaires du 1er quintile (27 % des écoliers, 30 % des collégiens et 26 % des lycéens). Elle se réduit déjà très fortement dans le 2ème quintile (10 % des écoliers, 17 % des collégiens et la même part de lycéens), et devient un cas de figure quasi inexistant au-delà. Si l’on restreint l’analyse des inégalités de mobilité aux scolaires appartenant à un ménage motorisé, les constats formulés précédemment restent les mêmes. Les écarts entre quintiles extrêmes se resserrent mais se maintiennent. La motorisation du ménage permet essentiellement de réduire la part des enfants immobiles, sans remettre en cause les inégalités bien réelles concernant le type d’activités pratiquées en dehors du domicile et l’étendue de la mobilité en fin de semaine.