2.2.1.2. Analyse et mesure des inégalités

Les niveaux de mobilité vont croissants du premier au dernier quintile. On observe une augmentation d’un tiers de la fréquence des déplacements et un doublement des distances parcourues. De même la probabilité de se déplacer au-delà du bassin de vie quotidien apparaît nettement corrélé aux disponibilités financières des individus. En revanche lorsque l’on distingue la mobilité locale de celle de longue distance, les indicateurs de mobilité locaux deviennent complètement indépendants du revenu. Celui-ci demeure discriminant uniquement sur les niveaux de mobilité non-locale. Enfin des plus aisés aux plus modestes, les comportements modaux varient peu tandis que la répartition des déplacements par motifs montre que les sorties dédiées aux loisirs sont plus de deux fois plus fréquentes parmi les plus aisés.

Tableau 67 : Niveaux de mobilité de week-end des actifs selon le revenu
  Q1 Q5 Evolution Q5/Q1 Indice de concentration
Nombre de déplacements
En local
En non-local
4,5
4,2
0,3
5,8
5,1
0,7
1,3
1,2
2,5
0,024
0,006
0,234
Distance (km)
En local
En non-local
74,3
56,8
17,5
145,6
59,5
86,1
2,0
1,0
4,9
0,106
-0,001
0,230
Part des non mobiles* (%) 19 9 0,5 -
Part des voyageurs à longue distance (%) 9 20 2,2 -
*Non mobiles : individus n’ayant réalisé aucun déplacement mécanisé lors du week-end

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

Compte tenu la part d’individus accédant au volant au sein de ce groupe (90 %), les inégalités de mobilité des actifs accédant sont assez proches de celles mises en évidence au niveau global (Tableau 68). Parmi les accédants les écarts entre quintiles extrêmes diminuent mais restent significatifs : +23 % sur le nombre de déplacements et +89 % concernant les distances. Cependant les indices de concentration sont assez faibles, ils mettent en évidence une absence d’inégalités de mobilité locale Le revenu modifie essentiellement les pratiques de mobilité de longue distance. Ainsi, si l’on se restreint à l’analyse de la mobilité locale, les inégalités sont plutôt moins prononcées qu’en semaine (Tableau 68).

Tableau 68 : Niveaux de mobilité des actifs accédant au volant selon le revenu en semaine et le week-end
  Week-end(1) Semaine
Q1 Q5 Evolution Q5/Q1 Indice de concentration EvolutionQ5/Q1 Indice de concentration
Nombre de déplacements
En local
En non-local
4,8
4,5
0,3
5,9
5,2
0,7
1,23
1,16
2,33
0,014
-0,005
0,229
1,05
1,23
0,17
0,013
0,017
-0,090
Distance (km)
En local
En non-local
79
60
20
149
61
88
1,88
1,02
4,40
0,100
-0,013
0,233
1,50
1,25
2,00
0,062
0,041
0,092
Part des non mobiles* (%) 16 10 0,63 - 0,57 -
Part des voyageurs à longue distance (%) 11 14 1,27 - 1,33 -
(1) Niveaux cumulés du samedi et du dimanche
*Non mobiles : individus n’ayant réalisé aucun déplacement mécanisé lors du week-end

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

En fait à partir du 2ème quintile les niveaux sont relativement homogènes si bien que les écarts maximaux observés proviennent essentiellement des actifs les plus modestes qui, bien qu’accédant au volant, restent à l’écart des pratiques des autres individus de ce sous groupe 1 (Graphique 72). Le surcroît de mobilité observé à partir du 2ème quintile provient de la plus grande fréquence des déplacements de loisirs : les plus modestes y consacrent 2 fois moins de déplacements que la moyenne. En valeur absolue, le nombre de déplacements dévolus aux autres grandes catégories de motifs reste proche d’un quintile à l’autre.

Graphique 72 : Nombre de déplacements mécanisés et distances parcourues selon le revenu, parmi les actifs accédant au volant

*Non mobiles : individus n’ayant réalisé aucun déplacement mécanisé lors du week-end

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

L’analyse des inégalités de mobilité des actifs n’accédant pas au volant est délicate puisque les effectifs par quintile sont faibles et que la part des individus ne s’étant pas déplacée est importante. Les résultats, non significatifs concernant la mobilité de longue distance, confirment cependant que le week-end, chez les actifs, le revenu est assez peu discriminant sur les niveaux de mobilité locale (Tableau 69). Néanmoins, bien que faibles, les inégalités sont en moyenne plus prononcées que parmi les accédants au volant. Par rapport à la semaine, les inégalités de fréquence de déplacements locaux apparaissent légèrement plus prononcées le week-end.

Tableau 69 : Indices de concentration des niveaux de mobilité mécanisée des actifs n’accédant pas au volant en semaine et le week-end
  Week-end Semaine
Nombre de déplacements
En local
En non-local**
0,053
0,051
0,084
0,023
0,020
0,082
Distance (km)
En local
En non-local**
0,077
0,069
0,087
0,124
0,078
0,247
** Résultats peu significatifs

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

Notes
1.

Or l’indice de Gini rend mal compte des niveaux de mobilité inférieurs observés dans le premier quintile. En effet comme nous l’avons vu précédemment (cf. Chapitre 2) cet indice accorde un poids supplémentaire au milieu de la distribution.