3.3. Mobilités locales et non locales entretiennent des liens différents avec le revenu

La comparaison entre la mobilité de semaine et de week-end n’est pas aisée compte tenu du poids variable qu’occupe les déplacements de longue distance aux deux échelles temporelles considérées. La part marginale des déplacements à longue distance durant la semaine, rend les indicateurs peu fiables. Le week-end les flux à longue distance sont plus fréquents. Ils sont par ailleurs positivement corrélés au revenu si bien que lorsque l’on restreint la comparaison entre les jours classiques de semaine et le week-end à la mobilité locale, les écarts entre quintiles sont en partie biaisés 2 . Nous présentons toutefois les indices de concentration calculés sur les indicateurs de mobilité mécanisée locale en semaine et le week-end (Graphique 75, Graphique 76).

Graphique 75: Indices de concentration du nombre de déplacements locaux
Graphique 76 : Indices de concentration des distances parcourues en local

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

Les inégalités de mobilité locale apparaissent de même ampleur sur ces deux segments de la mobilité. En d’autres termes, il ne semble pas exister de logique compensatoire entre les inégalités de mobilité locale de semaine et de week-end. Les rééquilibrages portent vraisemblablement sur les pratiques de longue distance.

En effet nous avons pu vérifier que le week-end, les inégalités verticales de mobilité à longue distance sont nettement plus marquées que les contrastes de mobilité locale. Les déplacements centrés sur l’espace de vie quotidien sont plus indifférenciés, alors que les déplacements à longue distance restent l’apanage des plus aisés. Les départs en week-end et les excursions à plus de 100 km du domicile ne semblent pas encore entrés dans la norme, ils demeurent éminemment élitistes. La diffusion de ces pratiques touristiques de courte durée, reste confidentielle au moins à la date de l’enquête. Ainsi, quelle que soit la position dans le cycle de vie, la part des mobiles à longue distance rattachés aux ménages les plus modestes est marginale, tandis qu’elle concerne plus d’un individu sur 10 rattaché au dernier quintile. Elle atteint même 20 % chez les actifs les plus aisés.

En résumé, on retiendra que l’impact du niveau de vie sur la mobilité de fin de semaine se vérifie chez tous les sous-groupes analysés, parmi les actifs comme les inactifs et qu’il se manifeste principalement de deux manières :

sur les niveaux de mobilité non locale, c’est-à-dire sur les « grandes » sorties du week-end qui conduisent les individus à plus de 100 km de leur domicile. Celles-ci sont plus fréquentes lorsque les revenus augmentent. La part des mobiles à longue distance triple presque du 1er au dernier quintile (respectivement 6 % et 16 %) tandis que la fréquence des déplacements à plus de 100 km est multipliée par 2,6 et les distances parcourues en non-local par 3,3 du 1er au dernier quintile.

sur l’importance qu’occupent les déplacements de loisirs, les plus modestes se caractérisent en effet par la plus forte domesticité de leurs activités de temps libre alors que les loisirs se tournent plus volontiers vers l’extérieur lorsque les revenus augmentent. Les analyses menées à partir des enquêtes Emploi du temps de l’Insee confirment ces résultats [Chenu et Herpin, 2002 ; Coulangeon et al., 2002].

Notes
2.

En effet, l’absence d’une part plus forte d’individus aisés dans un périmètre de 100 km autour du domicile en fin de semaine, atténuent vraisemblablement l’ampleur des inégalités de mobilité locale de week-end.