1.3.1.2. Une mobilité qui se réduit tout au long du cycle de vie du ménage

Les jeunes célibataires sont les plus mobiles à longue distance (en nombre de voyages comme en distances parcourues), tandis qu’à l’autre extrémité on trouve les personnes de 75 ans et plus vivant seules (tous indicateurs confondus) (Graphique 79, Graphique 80). La diminution des niveaux de mobilité est assez linéaire entre ces deux groupes. La fréquence des voyages varie ainsi dans un rapport allant de 1 à 8,1 et les distances dans un rapport allant de 1 à 6,2. Le taux de départ calculé sur les trois mois précédant l’enquête, oscille entre 67 % chez les célibataires de moins de 35 ans et 19 % chez les personnes seules de 75 ans et plus.

Graphique 79 : Nombre de voyages et distances parcourues selon le type de ménage de rattachement
Graphique 80 : Nombre de nuits d’absence et taux de départ selon le type de ménage de rattachement

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

La mobilité annuelle de longue distance diminue au fur et à mesure que les charges familiales s’alourdissent (installation en ménage, arrivée des enfants) : de la vie de célibataire à la vie de famille, le nombre de voyages passe ainsi de 9,7 à 5,1. Après le départ des enfants, on observe une certaine inertie dans les niveaux de mobilité : les 60-74 ans vivant en couple ont des niveaux de mobilité assez conformes à ceux des familles, excepté concernant le nombre de nuits d’absence qui augmente du fait de leur plus grande disponibilité temporelle.

Après 60 ans toutefois, le fait de vivre seul réduit considérablement les opportunités de se déplacer. Le statut matrimonial exerce une influence positive sur la fréquence des voyages : l’envie de partir est entretenue et stimulée par la vie à deux. Les jeunes retraités en couple réalisent 1,8 fois plus de voyages que leurs homologues vivant seuls (après 75 ans l’écart est encore plus prononcé : les couples se déplacent 2,2 fois plus souvent). Ajoutons que l’âge venant, on se heurte à une féminisation des ménages, pouvant expliquer une partie des écarts imputables au mode de cohabitation (moins motorisées, les femmes sont moins indépendantes en matière de voyages…), mais dont les effets sont difficilement mesurables. Ajoutons cependant qu’à structure familiale identique, les écarts restent très significatifs entre seniors et plus de 75 ans : chez les couples comme chez les célibataires, les plus âgés se déplacent environ deux fois moins souvent. La mobilité de longue distance est une mobilité « complexe » nécessitant des aptitudes largement entamées par l’âge. A partir de 75 ans les effets handicapants se cumulent : mauvais état de santé, démotorisation, perte d’autonomie, rétrécissement du réseau de sociabilité. Enfin, les effets générationnels sont importants puisque les individus nés avant 1920 appartiennent à une génération peu motorisée et plus sédentaire pour laquelle les voyages à longue distance ne sont pas entrés dans les habitudes. Ainsi la réduction de la mobilité de longue distance apparaît plutôt liée à l’entrée dans le grand âge qu’au passage à la retraite.