1.4.1.2. L’impact du niveau d’études

La sociabilité et les loisirs entretiennent des liens étroits avec le capital social et culturel de l’individu. Dans ce contexte, il nous semble pertinent de tester l’impact des caractéristiques culturelles du ménage sur les pratiques de longue distance. Pour cela nous nous réfèrerons au niveau d’études de la personne de référence 1 du ménage, indicateur fréquemment utilisé pour refléter les différences de dotation en capital culturel. Cet indicateur permet de classer l’ensemble des individus en un petit nombre de classes, à l’inverse de la catégorie socio-professionnelle qui n’est renseignée que pour les actifs. Trois catégories d’individus ont donc été distinguées  :

  • les individus appartenant à un ménage de niveau d’études primaire (29 %) : cas où la personne de référence dispose d’un niveau d’études inférieur ou égal au primaire,
  • les individus appartenant à un ménage de niveau d’études secondaire (54 %) : cas où la personne de référence dispose d’un niveau d’études compris entre le primaire et le baccalauréat,
  • les individus appartenant à un ménage de niveau d’études supérieur (17 %) : cas où la personne de référence dispose d’un niveau d’études supérieur au baccalauréat.

Les résultats vont dans le sens attendu d’une propension à voyager loin et longtemps d’autant plus élevée que le niveau d’études est lui-même élevé (Graphique 87, Graphique 88). Les effets apparents du niveau d’études présentent des écarts entre niveau d’études primaire et supérieur de même ordre qu’entre quintiles extrêmes : soit un triplement de la fréquence des voyages et des distances parcourues et un doublement des nuits d’absence.

Graphique 87 : Nombre de voyages et distances parcourues selon le niveau d’études de la PR
Graphique 88 : Nuits d’absence et taux de départ selon le niveau d’études de la PR

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

L’effet du niveau culturel sur les comportements de mobilité, ne se traduit pas par d’importantes différences dans la nature des activités réalisées. On note cependant que les individus des ménages de niveau d’études supérieur se déplacent un peu plus souvent que les autres pour rendre visite à leur famille. La répartition modale confirme la place hégémonique de la voiture dont l’usage est un peu moins fréquent parmi les individus des ménages les moins diplômés, compte tenu de la forte concentration d’individus âgés dans ce sous-groupe. Lorsqu’ils ne se déplacent pas en voiture, des différences apparaissent : les individus des ménages de niveau d’études primaire utilisent le car (10 % des voyages) ou le train (9 % des voyages), tandis que les individus des ménages les plus diplômés se déplacent essentiellement en train (15 % des voyages).

Notes
1.

Résumer le capital culturel du ménage par le niveau d’études de la personne de référence repose toutefois sur de fortes hypothèses et revêt un important degré d’approximation, en supposant notamment que les habitudes culturelles sont déterminées très tôt et qu’elles n’évoluent que faiblement au cours de la vie. Cette limite est particulièrement contraignante chez les retraités, d’une part, parce qu’avec l’âge, le rôle d’un niveau d’études hérité de la jeunesse s’atténue [Pochet, 1997] ; d’autre part, parce que disposer d’un niveau d’études primaire, pour la génération née avant 1934, avait beaucoup moins d’impact sur les carrières individuelles, d’autant que cette génération a connu des possibilités de mobilité ascendante privilégiée [Chauvel, 2002].