2.2.2. Analyse et mesure des inégalités

L’effectif disponible sur ce groupe permet d’analyser l’impact des freins financiers et culturels. L’effet « net » du revenu sera ensuite analysé parmi les ménages de niveau d’études secondaire.

2.2.2.1. Des niveaux très dépendants du revenu

Parmi les individus vivant en famille, les écarts entre quintiles extrêmes sont nettement plus prononcés que chez les célibataires ou les couples de moins de 35 ans. Les plus aisés réalisent 1,8 fois plus de voyages, parcourent 3,5 fois plus de kilomètres et s’absentent 2,1 fois plus de nuits.

L’impact positif du revenu sur les niveaux de mobilité est perceptible à chaque changement de quintile, cependant on observe toujours une envolée des niveaux de mobilité entre le 4ème et le 5ème quintile.

Graphique 99 : Nombre de voyages et distances parcourues selon le revenu, chez les responsables de famille**
Graphique 100 : Nuits d’absence et taux de départ selon le revenu, chez les responsables de famille**
Graphique 100 : Nuits d’absence et taux de départ selon le revenu, chez les responsables de famille**

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

La répartition modale des voyages confirme la place hégémonique de la voiture dont l’usage apparaît toutefois inversement corrélé au revenu. Ce résultat n’a rien d’étonnant car ceux qui privilégient les modes collectifs doivent ajouter au coût du déplacement les frais liés à leur mobilité une fois sur place (frais de transfert, transports en commun, taxi…), qui peuvent atteindre des montants importants chez les familles. Ce sont donc les plus aisés qui utilisent le plus souvent le train ou l’avion (13 % des voyages à eux deux, contre au plus 4 % dans les trois premiers quintiles).

Les motifs de voyage les plus sensibles au revenu sont les visites aux amis (de 0,2 à 0,7 déplacements du 1er au dernier quintile), puis les vacances (de 0,8 à 1,9) et les visites à la famille (de 1,2 à 2,4). Les écarts sont plus réduits concernant les voyages d’agrément (de 1,2 à 1,4). En part relative, les plus modestes se déplacent donc plus souvent pour ce motif (29 %) que les plus aisés (19 %). Chez les plus modestes ces voyages sont en grande majorité réalisés dans la journée sans nuit passée à l’extérieur. Ainsi, lorsque les ressources du ménage sont faibles, les voyages d’agrément sont proportionnellement plus fréquents que les vacances (21 %). Les voyages de loisirs de courte durée paraissent mieux adaptés aux petits budgets, certainement parce qu’ils limitent les coûts d’hébergement, poste de dépenses important pour les familles. Les excursions représentent ainsi 57 % des voyages à longue distance des plus modestes (47 % des plus aisés) tandis que les voyages d’au moins quatre nuits représentent 21 % des voyages (27 % chez les plus aisés). Les familles du dernier quintile s’affranchissent plus facilement de ces contraintes de durée, d’une part parce que leurs revenus sont supérieurs et d’autre part parce que « les familles les plus aisées sont aussi celles dont le patrimoine familial permet souvent des congés à moindre frais » [Maurin, 2002]. Notons enfin que les écarts de distances parcourues par motif selon le revenu sont encore plus significatifs que les écarts observés concernant la fréquence des voyages : de 400 km à 700 km du 1er au dernier quintile pour les voyages d’agréments et de 700 km à 2200 km du 1er au dernier quintile pour les vacances.