2.2.2.3. Un effet net du revenu qui demeure

Les pères et mères de familles représentent le groupe d’individus le plus important de notre population, mais n’offrent pourtant pas la possibilité d’analyser plus finement l’effet conjugué du revenu et du niveau d’études. Une fois distingués les individus selon le capital culturel du ménage, les effectifs par quintile sont insuffisants, à l’exception des individus rattachés aux ménages de niveau d’études intermédiaire. Sur cette sous-population, il est possible d’analyser dans le détail l’effet net du revenu sans prendre le risque de trop faire parler les petits effectifs.

Cette analyse permet de confirmer l’importance des ressources financières sur la mobilité de longue distance des familles, indépendamment du capital culturel du ménage. Si l’on observe une légère diminution des écarts entre quintiles extrêmes, ceux-ci restent toutefois très significatifs : les plus aisés réalisent 1,4 fois plus de voyages, parcourent 3 fois plus de kilomètres et s’absentent 2,2 fois plus de nuits (Graphique 103, Graphique 104).

Graphique 103: Nombre de voyages et distances parcourues selon le revenu, chez les responsables de famille**, niveau d’études secondaire
Graphique 104 : Nombre de nuits d’absence et taux de départ selon le revenu, chez les responsables de famille**, niveau d’études secondaire

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

Quel que soit le quintile d’appartenance, les voyages sont presque exclusivement effectués en voiture. Seuls les plus aisés utilisent l’avion (8 % des voyages). La hiérarchie des principaux motifs de voyages reste conforme à celle observée au niveau global : les voyages se font principalement pour visiter la famille (30 %), ensuite pour les vacances (24 %) et enfin pour des déplacements de loisirs de plus courte durée (22 %). Les plus modestes se distinguent toujours des autres quintiles par une part importante de voyages de courte durée. Le poids des coûts d’hébergement constitue un véritable handicap pour les individus à bas revenu, ainsi 60 % de leurs voyages sont effectués dans la journée (39 % chez les plus aisés), 24 % ont une durée comprise entre 1 et 3 nuits (31 % chez les plus aisés) et seulement 16 % ont une durée supérieure à 4 nuits (30 % chez les plus aisés).

Ce morcellement des voyages, chez les moins fortunés, doit être perçu moins comme une multiplication des voyages de courte durée (qui restent proches de la moyenne en valeur absolue 1,5 contre 1,1 en moyenne), que comme de réelles restrictions sur la durée des séjours (le nombre de nuits d’absence sur l’année passe de 8,9 à 19,4 du 1er au dernier quintile). Tout se passe comme si les possibilités hébergement (amis, parents, offre commerciale ou résidence secondaire) conditionnaient l’intensité des voyages réalisés dans l’année. Or ces possibilités apparaissent d’autant plus étendues que le revenu est élevé.