2.3. Les retraités

2.3.1. Les retraités âgés de 60 à 74 ans

2.3.1.1. La solitude réduit la mobilité des seniors

L’analyse des pratiques de mobilité à longue distance met en évidence d’importantes différences liées au statut matrimonial des individus après 60 ans (Tableau 94). Les couples se singularisent du reste de la population par leur nombre important de nuits d’absence. Cela tient à leur plus grande disponibilité temporelle, mais aussi au fait qu’ils sont nombreux à posséder une résidence secondaire 1 . A l’inverse le fait de vivre seul réduit la mobilité des retraités les plus jeunes 2 . En outre, ceux-ci disposent de possibilités d’hébergement non-marchand, moins favorables, souvent limitées aux parents et aux amis.

Tableau 94 : Niveaux de mobilité à longue distance des retraités de 60-74 ans
  Retraités
en couple
Rapport à la moyenne Retraités
seuls
Rapport à la moyenne
Nombre de voyages 4,9 +4 % 2,9 -38 %
Distances (km) 4682 +19 % 3221 -18 %
Nuits d’absence 29,2 +53 % 19,8 +4 %

Par rapport aux familles de 25-59 ans, chez les couples de retraités, les motifs de sociabilité et d’agrément diminuent au profit des vacances, qui motivent plus d’un voyage sur trois. L’absence de conjoint se traduit par une baisse de la mobilité qui affecte tous les motifs à l’exception de ceux liés à la sociabilité amicale qui doublent (de 0,2 à 0,4 voyages) (Graphique 63).

Toujours par rapport aux familles, l’équipement en voiture particulière diminue modérément au sein des couples de jeunes retraités : 86 % des retraités en couple appartiennent à un ménage motorisé, soit 10 points de moins par rapport aux familles. Ainsi, même après 60 ans, plus de 4 voyages sur 5 se font en voiture particulière lorsque les individus vivent en couple. Les plus de 60 ans se déplacent souvent en car, du fait de leur plus grand attrait pour les voyages en groupe (associations de retraités, voyages organisés). Mais le recours, déjà faible, aux modes de transports collectifs semble être amené à se ralentir encore avec l’augmentation de la motorisation des ménages retraités. Lorsqu’ils vivent seuls, à peine plus d’un tiers des seniors demeurent motorisés (36 %). De fait les comportements modaux s’orientent davantage vers les modes collectifs. La diminution de l’usage de la voiture se fait en faveur du train et dans une moindre mesure du car et de l’avion (Graphique 81).

Chez les couples comme chez les personnes seules, l’absence de voiture au sein du ménage se traduit par une diminution significative des niveaux de mobilité (Tableau 95). A cet âge, disposer d’une voiture particulière est également le reflet d’un plus grand dynamisme et d’une réelle autonomie. Cependant même motorisées, les personnes seules voyagent moins que leurs homologues vivant en couples. S’il est aisé de percevoir l’influence positive de la vie à deux sur les niveaux de mobilité, les distances parcourues, qui se révèlent être plus élevées chez les ménages d’une seule personne, peuvent surprendre. Elles s’expliquent par l’attrait singulier des personnes vivant seules pour les voyages à l’étranger (15 % des voyages et 61 % des distances contre 8 % des voyages et un tiers des distances chez les couples).

Tableau 95 : Niveaux de mobilité à longue distance des retraités de 60-74 ans selon la motorisation du ménage
  Retraités en couple Retraités vivant seuls
  Motorisés
(86 %)
Non motorisés
(14 %)
Motorisés
(36 %)
Non motorisés
(64 %)
Nombre de voyages 5,3 2,3 4,8 1,8
Distances (km) 5023 2603 6350 1463
Nuits d’absence 31,4 15,5 27,0 15,7

Source : ENT 1993-1994, agglomérations d’au moins 20 000 habitants, hors agglomération parisienne et rural

Notes
1.

D’après les calculs de Pochet et Schéou [2002], réalisés à partir de l’enquête Budget de Familles INSEE 1995, près d’une résidence secondaire sur deux appartient à un ménage de plus de 60 ans. Environ 13 % des ménages dont la personne de référence à plus de 60 ans en possède une.

2.

Du fait de leur plus grande espérance de vie et parce qu’elles épousent généralement des hommes plus âgés qu’elles, les retraités vivant seuls sont en grande majorité des femmes (80 %). Ces ménages sont légèrement plus âgés (68 ans) et plus urbains que leurs homologues vivant en couple. La féminisation des ménages est à l’origine de la plupart des différences mises en évidence entre les couples et les personnes vivant seules. En effet les caractéristiques de localisation et d’âge des hommes seuls sont les mêmes que celles observées parmi les couples.